Début janvier 2023, la CR82 répondait favorablement à l’appel à mobilisation de l’Association Nationale Pommes Poires (ANPP) pour dénoncer la situation désastreuse des producteurs de pommes.

Le samedi 14 janvier, ceux-ci avaient alors largement manifesté devant la Chambre d’agriculture de Montauban et procédé à l’arrachage de vergers voisins en geste symbolique pour réclamer une augmentation de 20 centimes du prix de la pomme au kilo à la grande distribution.

Gravité de la situation

Si aujourd’hui l’ensemble des prix flambent, provoquant une explosion des coûts pour les producteurs, ce n’est pas le cas de celui de la pomme, qui est vendue moins cher qu’il y a 4 ans (0,71€/kg contre 0,84€/kg en moyenne entre 2018 à 2022 pour la classique Gala calibre 115/150) !

A côté de cela, les producteurs sont asphyxiés par les charges. Les prix des intrants sont en hausse et le prix de l’énergie est démentiel, portant à 400 % d’augmentation les frais de stockage des pommes, qui nécessiteraient d’être conservées pour limiter l’engorgement du marché. Les producteurs font également face à de nouvelles normes sur les produits phytosanitaires et subissent de plein fouet le changement climatique et les aléas de la météo ! La dernière récolte était plutôt médiocre et la filière risque, cette année, un hiver trop doux suivi de gels fatals pour les bourgeons.

Au bout du compte, les producteurs de pommes sont au bord de l’arrachage pour tenter de minimiser leurs pertes et les vergers en France disparaissent. 40 % ont disparu sur les 20 dernières années, soit près de la moitié ! C’est une activité majeure qui disparaît pour le Tarn-et-Garonne, premier département producteur de pommes en France.

Forces en présence

Le prix bas de la pomme est le triple résultat d’une baisse de la consommation, avec une diminution des exportations à destination du Royaume-Uni depuis le Brexit, et de la concurrence des importations en provenance de l’Europe de l’Est en raison de la guerre en Ukraine, et dont profite largement la grande distribution malgré l’autosuffisance de la France en la matière !

A cela s’ajoute un phénomène grandissant de francisation des pommes venues d’ailleurs, une tromperie juteuse contre laquelle la DGCCRF a des moyens de lutte limités, comme l’a reconnu Marc Fesneau lui-même.

En bref, c’est la loi universelle du plus fort et de la concurrence déloyale !

Discours de la CR82

La CR82 peste contre la concurrence déloyale permise par l’Europe. En effet, avec l’argent de la PAC, la France a aidé la Pologne à produire par solidarité européenne, pour qu’en retour la Pologne lui fasse concurrence et tue ses producteurs. Autrement-dit, « on paye pour se faire concurrencer » se moque le président de la CR82, Christian Schievene.

La CR82 peste également contre la grande distribution qui est, comme toujours, la grande gagnante du système. Les centrales d’achat importent des pommes polonaises pour assurer leurs marges alors que la France a largement de quoi satisfaire le marché domestique ! Comme le résume le président de la CR82, « la Gala paye le Coca » car les distributeurs ne gagnent rien sur leurs produits d’appel achetés aux multinationales.

Le président conclut qu’il faudrait que les producteurs français puissent eux aussi imposer un coefficient multiplicateur, de façon à ce les distributeurs et transformateurs reversent plus de valeur aux producteurs s’ils veulent se faire de la marge. D’ailleurs, on voit bien que la loi Egalim 2 (voire bientôt Egalim 3 !) ne résout pas les difficultés de nos producteurs qui vendent 40 % en dessous de leurs coûts de production (prix d’achat à 0,3€/kg pour un coût de revient de 0,5€/kg) !

En attendant, les volumes de pommes sont là. « Qu’est-ce qu’on en fait ? » demande rhétoriquement Christian Schivene. La CR82 envisage que la filière s’organise au niveau national pour les mettre dans les digesteurs et en tirer une rentabilité énergétique vu le prix de l’énergie. Elle prévoit de rencontrer le président de l’ANPP pour soutenir un plan national de sortie des volumes. Pour le moment, le Gouvernement ne veut rien réglementer et refuse de financer la destruction de produits. D’ailleurs, le plan alimentaire territorial (PAT) est, pour la CR82, une nouvelle fumisterie qui ne permettra pas d’aborder des volumes suffisants.

En définitive, puisque nos producteurs sont pris pour des guignols, mangez des pommes (françaises s’il-vous-plaît) !

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