Une histoire

Un dimanche de novembre 1991, trois agriculteurs, Jean-Paul Couvreur, Philippe Arnaud et Jacques Laigneau, se sont réunis dans le Gers pour réfléchir sur les conséquences de la réforme de la PAC. Ils n’espèrent plus rien de la FNSEA qui, après avoir manifesté dans Paris pour dire la détresse du monde agricole, laissait entrer 3 jours plus tard, en France, des vaches polonaises sans réagir et commençait à dire aux agriculteurs qu’il fallait « s’adapter, diversifier et relever le défi ». Double jeu qu’elle n’a jamais cessé depuis.

Sûrs que cette PAC serait catastrophique, ils décident de tenter le tout pour le tout et d’essayer de soulever l’ensemble de la ruralité, paysans, artisans et commerçants contre la PAC 92. Le 2 décembre 1991, une quarantaine d’agriculteurs tiennent la réunion constitutive de la Coordination Rurale qui apparaît, pour la première fois, à L’Isle Jourdain, dans le Gers et adopte la forme associative loi 1901. « Tous unis contre la PAC 92 » sont les mots d’ordre qui, bientôt, rassemblent autour de Jacques Laigneau tous ceux qui ne veulent plus se résigner à un système corrompu, caractérisé par une absence de maîtrise des marchés et par des prix désespérément bas.

Les fondateurs pressentaient que la baisse des prix compensée partiellement par des primes était une atteinte à la dignité des paysans qui passeraient pour des assistés qui coûtent cher. « Avec les primes, on nous mènera par le bout du nez… L’ouverture des frontières va nous ruiner. La baisse des prix est le principal facteur d’appauvrissement, donc de l’élimination des agriculteurs ». Les événements leur ont hélas donné raison et la PAC 92 produit, encore aujourd’hui ces effets délétères.

En 1995, après avoir tendu la main à tous les acteurs de la ruralité, d’où le nom de Coordination Rurale, la CR s’est transformée en syndicat, car elle ne pouvait pas abandonner les agriculteurs qui lui avaient fait confiance. Elle ne pouvait admettre la trahison des syndicats existants.

Depuis, la CR est devenue un syndicat représentatif, force de propositions, qui contribue à faire respecter la liberté et la dignité des paysans !

Depuis 1992, la Coordination Rurale porte et défend des valeurs fédératrices qui en font son identité.

Solidarité

« Tous unis », « Agriculteurs responsables » : ces deux slogans soulignent l’unité que nous prônons.

La Coordination Rurale est un syndicat au service de tous les secteurs de l’agriculture : nous défendons tous les agriculteurs !

Eleveurs bovins, caprins, porcins, ovins, céréaliers, producteurs de fruits et légumes, éleveurs laitiers… Ce sont tous ces professionnels qui, dans leur grande diversité, font l’agriculture d’aujourd’hui. Leur combat, notre combat, est le même : des prix rémunérateurs pour pouvoir vivre dignement de notre métier.

Indépendance

La Coordination Rurale a toujours refusé tout lien d’intérêt, d’implication ou de soumission avec les organisations économiques, politiques et les autres acteurs des « filières ». Ses positions, prises en toute indépendance, ne tiennent compte que de l’intérêt général et de la défense des agriculteurs.

Notre indépendance vis-à-vis de tous les pouvoirs (bancaires, agro-industriels, institutionnels) nous permet de défendre TOUS les agriculteurs, sans distinction et sans arrière-pensée ; d’assurer notre indépendance financière mais aussi notre indépendance de pensée, d’expression et d’action.

Apartisanisme

Inscrit dans nos statuts, la Coordination Rurale est résolument apartisane, et cela afin de conserver son indépendance, son autonomie et son sens critique à l’égard de tous les acteurs politiques. Aussi, le syndicat bâtit ses positions non pas sur une idéologie ou un programme partisan, mais sur le bon sens et la réflexion. Il ne donne jamais de consigne de vote pour les élections politiques et joue activement son rôle de syndicat professionnel représentatif en dialoguant avec tous les partis politiques autorisés. Cela nous permet de défendre notre vision singulière de la politique agricole et de refuser la cogestion, à savoir le système actuel de connivences, fatal pour les agriculteurs en particulier et pour la démocratie en général. Son action est dictée par une volonté de solidarité envers tous les agriculteurs, mais aussi par un esprit farouche d’indépendance vis-à-vis de toutes les organisations économiques ou politiques. C’est pour cette raison que les représentants de la CR qui souhaitent s’engager en politique doivent impérativement démissionner de leur mandat syndical.

Responsabilité

La Coordination Rurale recherche un dialogue constructif et formule des propositions concrètes et mûrement réfléchies. Elle mène ses échanges avec engagement et détermination en poursuivant des objectifs réalistes. Elle organise les actions qui s’imposent lorsque les négociations ne sont pas satisfaisantes.

Elle veille également à l’application des accords et n’hésite pas à dénoncer les dérives des acteurs du monde agricole, l’objectif étant d’assurer un avenir pérenne à l’agriculture française non en tant qu’entité économique mais en tant que communauté d’agriculteurs, dignes et responsables.