Un rapport de la Commission des affaires économiques du Sénat, qui décrit la perte de compétitivité de plusieurs filières dont la pomme, prouve que la montée en gamme censée être plus rémunératrice ne l’est pas du tout. Un constat que la Coordination Rurale regrette, mais qu’elle n’a pourtant pas manqué de répéter.

Une perte catastrophique de surface et de volume de pommes

Selon les données Agreste :
– en 10 ans, la France a perdu près de 1,26 hectare de vergers de pommiers par jour ;
– depuis 1992, la surface a été divisée par 2 et a reculé de 11 % depuis 2011 (même si une stabilité est observée depuis 2017).
Par conséquent, la production de pomme française diminue contrairement à la concurrence étrangère qui a augmenté.
Les exportations ont quasiment été diminuées par 2, passant de près de 700 000 tonnes en 2014 à 350 000 tonnes en 2021, laissant ainsi la place à la concurrence.

Une solution inadaptée

Pour pallier à cela, la stratégie développée depuis une vingtaine d’années a été de se démarquer en proposant des variétés haut de gamme, dites des variétés club comme la Pink Lady. L’objectif était de se positionner sur d’autres marchés et de rendre la filière plus rémunératrice. Autrement dit, délaisser le marché de la pomme entrée de gamme, compétitive à l’export et accessible aux ménages les plus modestes dans les rayons, pour des pommes haut de gamme à prix plus élevé.
Le choix des producteurs, volontaire ou contraint, de se spécialiser, tendra à réduire les volumes de production pour se concentrer sur la limitation des pertes afin d’obtenir une meilleure valorisation, ce qui reviendra à privilégier les débouchés sur le marché du frais. Ainsi, les industriels français se trouvent donc face à un risque de pénurie d’approvisionnement et doivent avoir recours aux importations.

Des problématiques mettant à mal la filière

Parallèlement à cela, le coût de la main-d’œuvre française est très élevé (40 à 60 % des charges) et représente 159 € par tonne en France contre 119 € en Pologne. Sans oublier, une difficulté croissante à trouver de la main-d’œuvre ces derniers temps.
Par ailleurs, la surtransposition des mesures franco-françaises est un frein supplémentaire pour les producteurs de pommes. Alors que 454 substances actives sont autorisées au sein de l’Union européenne, seulement 309 substances actives sont autorisées en France. Cela accentue fortement la concurrence déloyale avec les autres pays. À cela, s’ajoutent des certificat Tous les producteurs sont confrontés à ces freins, peu importe la variété cultivée.
Il ne faut pas non plus oublier les différents embargos contre la Russie mis en place par le gouvernement et qui ont eu des conséquences dramatiques sur les producteurs.

Ce qu’en pense la Coordination Rurale

La Coordination Rurale l’a déjà dit par le passé, les variétés club ne fonctionnent pas et ne sont pas la solution sur le long terme pour les producteurs. Ces pommes briment la revente, les pommes club se vendent à des prix élevés aux consommateurs par des circuits bien préétablis, mais ne se répercutent pas sur les producteurs. Cela ne peut pas être efficace sur le long terme et c’est ce qui est constaté dans le rapport sénatorial.
À travers une taxation sur les produits importés, la France ferait participer les produits importés au financement de la protection sociale ce qui n’est qu’un juste retour puisque leur consommation ne crée pas de richesse en France et vient concurrencer nos produits (avec à terme, chômage, délocalisations, etc.). Pour les producteurs français, cela reviendrait à favoriser leur compétitivité.

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