Le constat est là, la pomme française est en crise ! La consommation est très faible et le prix de vente n’est plus rémunérateur pour les producteurs. Plusieurs actions ont eu lieu ces derniers jours pour montrer le désarroi des producteurs. La Coordination Rurale (CR) déplore cette situation qui est la résultante de mauvaises décisions politiques, comme les différents embargos contre la Russie mis en place par le Gouvernement, et qui ont eu des conséquences dramatiques sur les producteurs. Pourtant, des solutions existent !

 

1/ Une consommation à relancer

Localement, la demande est de plus en plus forte afin d’avoir des fruits et légumes locaux et de saison, que ce soit à domicile comme en restauration collective. Pourquoi les politiques n’œuvrent-ils pas dans ce sens ? Leur rôle est tout de même de répondre aux demandes des citoyens.
D’autant plus que nous avons un moyen de répondre à cette demande par la mise en place de projets alimentaires territoriaux (PAT). Ce type de projet permet de coordonner le développement agricole, la transformation, la distribution et l’accès à des marchés locaux importants tels que la restauration collective (publique et privée), via la mise en réseau des acteurs publics, privés et des citoyens à l’échelle d’un territoire. La CR soutient et encourage également tout projet fruit de l’engagement mutuel de producteurs et consommateurs afin de co-construire un PAT.

Les atouts d’un approvisionnement relocalisé en restauration collective sont multiples :
• maintien de l’emploi agricole et de l’emploi induit par l’agriculture sur le territoire ;
• meilleure rémunération des agriculteurs, à condition de se donner les moyens humains et financiers nécessaires ;
• structuration de filières existantes ;
• réduire le nombre d’intermédiaires entre la cuisine et le producteur implique d’avoir moins recours aux produits transformés, ce qui donne davantage d’importance à la saisonnalité et aux produits bruts ;
• impulser une dynamique d’éducation à l’alimentation, du respect du cycle de vie naturel des aliments consommés, du climat et de la biodiversité locale ;
• apprécier la qualité gustative et nutritionnelle des produits en raison de la cueillette à maturité, mais aussi de moindre gaspillage.

Ce n’est pas un secret, si le Gouvernement souhaite quelque chose, il mettra tout en œuvre pour y arriver. Dans ce cas-là, la volonté des politiques serait de mettre les moyens pour favoriser la consommation de la pomme !

 

2/ Investissement à l’étranger par l’UE en Pologne

Le financement par l’Union européenne de vergers de pommes dans les pays de l’Est, comme la Pologne, et les différentes décisions politiques ont une conséquence directe pour les producteurs français. En vendant notre savoir-faire à l’étranger, nous avons pris le risque de nous retrouver avec des pommes de qualité quasi-équivalente à ce que nous produisons et qui, en plus de cela, sont à moindre coût ! Même si initialement ces pommes polonaises étaient destinées à l’exportation vers la Russie, les embargos ont réorienté ces pommes vers notre marché.
Est-ce juste que le contribuable subventionne une agriculture vertueuse dans le but de l’exporter alors qu’il doit se contenter d’aliments importés, issus de modes de production qu’il combat sur son propre territoire ? Est-il normal d’imposer tant de contraintes environnementales à nos producteurs pour ensuite les laisser seuls assumer ce déficit de compétitivité imposé, en subissant la volatilité des prix internationaux ? Les réponses tiennent dans de courageuses décisions politiques !

 

3/ Stockage carbone et arrachage : où va-t-on ?

Le Label bas-carbone est le premier label français qui récompense les changements de pratiques dans le but de lutter contre le changement climatique. C’est appréciable de reconnaître enfin le rôle dépollueur de l’agriculture.
Cependant, pour que les producteurs de pommes puissent s’en sortir, certains réclament des arrachages massifs afin d’avoir moins de volume de pommes sur le marché. Mais est-ce vraiment la solution ? Surtout quand on connaît le rôle de l’agriculture dans le stockage du carbone, arracher des arbres serait ainsi contre-productif. D’autant plus si la volonté est d’arracher pour ensuite importer, nous nous retrouverons dans une incohérence totale !

Par ces différents points, il est évident que seule la volonté politique pourra dynamiser la consommation de pommes françaises, mais aussi permettre d’être compétitif à l’export. Il devient urgent que les politiques prennent le dossier en main et agissent pour les producteurs et les consommateurs français !

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