Dans sa conjoncture prairie du mois d’octobre, le ministère de l’Agriculture annonce une pousse d’herbe déficitaire pour les prairies permanentes sur la campagne 2019 de l’ordre de 27 % à la pousse annuelle de référence. Ce déficit fourrager est plus important que celui de 2018 qui s’élevait déjà à 23 %.

La sécheresse 2018, sans fortement réduire la production de fourrages au printemps, a obligé les éleveurs à affourager leurs animaux très tôt. Les stocks hivernaux ont alors été fortement amputés, ce qui a fait craindre à de nombreux éleveurs de ne pas pouvoir alimenter correctement leurs animaux jusqu’à la mise à l’herbe. L’épisode de sécheresse à l’été 2019 fût un nouveau coup dur pour les éleveurs et s’annonce lourd de conséquences. La Coordination Rurale avait pourtant anticipé cette période caniculaire et avait, dès le mois d’avril, alerté le ministre de l’Agriculture afin de disposer d’une dérogation à l’interdiction de valorisation des jachères, autorisation qui n’est intervenue que fin juillet, bien trop tard pour que les éleveurs puissent tirer le moindre bénéfice des fourrages, déjà très secs et sans réelle valeur nutritive pour le bétail.

Une décapitalisation bovine qui s'accélère

Pour la troisième année consécutive, le cheptel bovin allaitant en France est en repli, après avoir connu une phase de capitalisation entre 2015 et mars 2017, due notamment au remplacement des génisses primées (PMTVA) par des vaches (ABA). Cependant, plusieurs facteurs ont fait inverser cette tendance : manque de trésorerie impliquant une impossibilité de se procurer des aliments et mauvaises récoltes fourragères, résultats des aléas climatiques répétés des dernières années.

Le cheptel allaitant était au mois d’août de 3,8 millions de têtes, en re cul de 1,3 % par rapport au mois précédent mais diminuant d’ 1,9 % par rapport à 2018. Sur un cumul des sept premiers mois de l’année, le recul s’établit à 2,5 % par rapport à 2018. Au mois de septembre, les abattages de vaches à viande ont bondi de 5,4 % par rapport au même mois de l’année précédente.

Vaches de race à viande présentes au 1er du mois

Des prix en berne

Les cours témoignent d’un marché encombré : la cotation française de vache allaitante se trouvait semaine 40 à 3,75€/kgec, inférieur de 1,3 % à la cotation 2018, et bien loin des 4,64€/kgec validés dans le cadre des plans de filière et permettant de couvrir l’ensemble des coûts de production.

Sur la période 2015-2019, les prix des vaches allaitantes s’effondrent de 4,76 %, tout comme ceux des génisses allaitantes de 3,67 %. Cotation Vaches R, O génisses R et agneaux

Une situation financière catastrophique des éleveurs

D’après la dernière étude de l’observatoire de l’endettement et des trésoreries des élevages laitiers et allaitants, 42 % des exploitations allaitantes du Grand Ouest sont en situation financière critique. Malgré un produit brut des exploitations allaitantes relativement stables depuis 2016, les charges ont continuées à augmenter en 2018, ce qui a eu pour conséquence une chute de l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) dans le Grand Ouest et en Montagne. Le revenu quant à lui s’établit toute zone confondue à seulement 15 600€ annuels par UTH familiale.

Dans un contexte où 22 % des éleveurs allaitants ont stoppées leur activité entre 2009 et 2018, et que 50 % d’entre eux ont plus de 50 ans, la détresse de la filière bovine française doit être jugée à sa juste valeur, et des changements doivent être rapidement adoptés !

Propositions de la Coordination Rurale

Dans l’immédiat, en France, nous souhaitons que les aides aux bovins allaitants soit découplées pour ne pas déstabiliser le marché.

Nous souhaitons voir le renforcement de l’observatoire du marché de la viande à l’échelle européenne, pour mieux anticiper l’évolution des cheptels. Nous souhaitons également une meilleure harmonisation entre les filières laitières et allaitantes, afin que la viande ne soit plus considérée comme un sous produit du lait.

Le bilan des États Généraux de l’Alimentation est plus que mitigé, aucune retombée financière probante n’est à observer du côté des éleveurs. La Coordination Rurale souhaite que les indicateurs de coûts de production, validés par l’ensemble des collèges au sein de l’interprofession, soient pris en compte dans les négociations.

La négociations d’accord de libre échange représente une hérésie tant sur le plan sanitaire, environnemental qu’économique pour les éleveurs. La Coordination Rurale continue de rencontrer les parlementaires pour obtenir la fin de ces accords destructeurs pour les filières d’élevage, et l’importation de denrées ne correspondant pas à nos normes de production.

Retrouvez toutes les propositions de la Coordination Rurale pour l’élevage allaitant en cliquant ici.

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