Le Conseil d’État a une nouvelle fois bloqué le décret sur l’interdiction d’utiliser des termes associés à la viande pour les protéines végétales. C’était pourtant une des mesures phares du gouvernement dans le cadre du plan de souveraineté élevage.

« Encore et toujours des promesses et le mensonge en haut lieu » s’insurge Stéphane Charbonneau, responsable de la section Viande à la Coordination Rurale. Alors que le décret devait rentrer en vigueur le 1er mai 2024, le Conseil d’État indique l’avoir suspendu pour attendre les conclusions de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE). Pour rappel, cette dernière avait été saisie en juillet 2023 par le Conseil d’État, soit plus d’un an après que celui-ci ait bloqué le premier décret qui devait interdire l’utilisation de dénominations animales pour les protéines végétales. Les éleveurs sont en droit de se demander pourquoi le Conseil d’État a-t-il pris une telle décision, en pleine crise agricole ? Après s’être opposé à la dissolution de l’association des Soulèvements de la terre, qui s’en prend pourtant régulièrement au monde agricole, notamment par la force, devrait on en conclure que le Conseil d’État a une dent contre les agriculteurs français ?

La Coordination Rurale n’est pas opposée à la production de protéines végétales, mais estime que sa promotion ne peut se faire au détriment de la vraie viande, en utilisant des termes défendus de longue date par les filières animales. Stéphane Charbonneau invite d’ailleurs les membres du Conseil d’État à « retourner à l’école et ouvrir un dictionnaire. La définition du steak dans le Robert ou le Larousse est une  » tranche de bœuf grillée », synonyme de bifteck ». La défense des entreprises de protéines végétales à l’origine du blocage par le Conseil d’État est de dire que les produits d’import ne seraient pas concernés par ce décret. Pour la Coordination Rurale, c’est une preuve supplémentaire que le sujet doit être porté au niveau européen et que les clauses miroirs doivent s’appliquer ; en attendant, la Coordination Rurale demande que le Conseil d’État rétablisse le calendrier d’entrée en vigueur du décret.

Ce double discours permanent entre les institutions et le gouvernement devient intenable : d’un côté nos dirigeants nous martèlent que l’élevage est essentiel, mais de l’autre les institutions s’opposent systématiquement à toute mesure qui permettrait de protéger les filières viande ! Stéphane Charbonneau s’interroge : « Qui protégez-vous pour retourner votre veste à chaque instant dans ce système obsolète et dangereux pour la santé du consommateur ?! »

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