Depuis 4 ans, la Direction générale de l’alimentation (DGAL – ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire) nous explique que tout ira bientôt mieux :
• la restauration collective va progressivement s’approvisionner en local à des prix rémunérateurs pour les agriculteurs ;
• les enfants et adolescents gaspilleront moins car les repas proposés seront meilleurs, mieux calibrés, plus adaptés à leurs attentes profondes ;
• les produits Bio, sous signe officiel d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) et équitables remplaceront les productions bas de gamme.
Que de bonnes nouvelles à les écouter…
Pendant 4 ans, la Coordination Rurale a martelé que chaque bassin de consommation et de production avait ses propres limites et caractéristiques. Nous avons insisté pour que la DGAL s’appuie sur des initiatives locales efficaces, simples et peu coûteuses afin d’éviter de retomber dans des projets « illusoires » portés par des institutions déconnectées des acteurs de terrain.
Et finalement, c’est l’inverse qui a été décidé…
Chaque institution a eu son Projet alimentaire territorial (PAT), son financement propre et… rien ou trop peu pour le monde agricole ! Agrilocal devait être la pierre angulaire d’un système rapprochant agriculteurs locaux et établissements scolaires. Les chiffres tombent et ils sont mauvais. L’échec annoncé d’une politique trop centralisée semble inéluctable.
Transformer le système alimentaire français ne se fera pas durant ce nouveau quinquennat. Même les cuisines gérées par l’État n’atteignent que 50 % des objectifs de la loi. C’est dire la motivation réelle de ceux qui nous expliquent comment faire. Pire, la DGAL se félicite de la « montée » en puissance de l’utilisation de l’enveloppe européenne « Un fruit un produit laitier à la récré » (dotée de 36 000 000€) qui est passée de 5% à 20% en 5 ans. La Coordination Rurale a rappelé au Conseil national de la restauration collective (CNRC) que, sur cette même période, c’est donc environ 150 000 000€ qui n’ont pas bénéficié à l’agriculture française, pourtant en grande difficulté.
La seule solution pour la DGAL : masquer la réalité par des statistiques datées qu’aucun membre du CNRC n’a osé défendre.
Le secteur de la restauration collective s’est plaint de ne plus gagner sa vie à cause de l’inflation et de son impossibilité contractuelle de renégocier à la hausse avec des prix bloqués. Est-il possible de travailler sans gagner sa vie (depuis 6 mois) ?! Cette triste situation est pourtant celle des agriculteurs, qui ne gagnent pas leur vie depuis 25 ans ! Peut-être qu’à l’avenir, les acheteurs de la restauration collective réfléchiront à deux fois avant d’acheter au moins-disant…
« Ma cantine », l’application gérée par la DGAL, doit servir de plateforme de recueil des données d’un maximum de cantines ou cuisines centrales.
Lors de la réunion, l’optimisme était là. Malheureusement, sur l’expérimentation consistant à évaluer les effets de l’instauration de solutions de réservation de repas sur le gaspillage alimentaire, seulement 69 établissements sont inscrits à ce jour dans toute la France. Et 35 ont alimenté la base de données… Une fois encore, la Coordination Rurale va se répéter ; tout ce qui touche à l’alimentation doit se faire de manière ascendante : agriculteurs, mangeurs/chefs, acheteurs, administrations, et non l’inverse.
L’exemple du menu végétarien illustre tellement bien la situation actuelle. Un échec tant sur la méthode que dans les assiettes. Un gaspillage alimentaire qui explose et des ventres qui crient famine. Le menu végétarien doit rester une option et non une obligation. Les mangeurs n’en veulent pas, mais l’État l’impose…
C’est dans ce contexte peu glorieux que le nouveau président du CNRC a commencé son mandat. La CR lui souhaite le meilleur et beaucoup de courage, et se met évidemment à sa disposition pour rendre l’action publique efficace.
Tristan ARLAUD,
Représentant de la Coordination Rurale au CNA