Le 10 avril 2024, deux mois après le début des manifestations agricoles, et alors qu’un sentiment d’essoufflement des avancées se fait sentir dans les campagnes, le président de France Grandes Cultures (FGC), Damien Brunelle, et son secrétaire général, François Walraet, ont rencontré le directeur de cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, M. Quentin Guerineau, ainsi que son conseiller technique, M. Pierre Breton.

Après avoir rappelé les missions de FGC et sa volonté de travailler étroitement avec le ministère sur les sujets grandes cultures, le cabinet de Mme Pannier-Runacher a rappelé les attributions de la ministre, l’organisation bicéphale du ministère de l’Agriculture étant peu habituelle. La ministre déléguée en charge de l’agriculture a donc pour attributions les sujets phytopharmaceutiques, les énergies renouvelables, l’innovation et la recherche, ainsi que la loi EGalim.

En guise d’introduction, Damien Brunelle a habilement rappelé la présence assidue et toujours très constructive de FGC au sein des interprofessions de grandes cultures, excepté à l’AIBS (Association Interprofessionnelle de la Betterave et du Sucre). François Walraet en a profité pour préciser que FGC n’a toujours pas de siège dans cette interprofession malgré ses demandes répétées et sa représentativité évidente. Le ministère en a pris bonne note et FGC a annoncé son désir de relancer les discussions à ce sujet.

FGC a ensuite fait remarquer que dans les 62 mesures dont le ministère fait fièrement suivre en temps réel l’avancement, strictement aucune n’aura la capacité de soutenir efficacement les prix des céréales. Pire, le souhait réaffirmé d’aider l’Ukraine en important des céréales détaxées attise cette spirale déflationniste, ce que FGC n’a pas manqué de fustiger.
À ce sujet, le ministère a, à mots couverts, admis que la proposition farfelue, non concertée et précipitée du président Emmanuel Macron d’instaurer des prix planchers ne serait jamais, tel que tout le monde la concevait, mise en œuvre. Nous serons une fois de plus déçus quand nous observerons la métamorphose de cette mesure en une redéfinition d’indicateurs de coûts de production, mais qui ne seront finalement jamais utilisés pour définir un prix de base de céréales. Nous pouvons donc être rassurés, il n’y a aucune volonté d’assurer des prix rémunérateurs pour nos céréaliers ! Charge à nous de leur rappeler régulièrement leurs promesses !

En revanche, le ministère semble d’accord sur notre proposition de ne délivrer que des AMM (Autorisations de mise sur le marché) communautaires, bien que la mise en œuvre soit complexe. La reconnaissance mutuelle semble la voie la plus prometteuse (mais pas la plus simple pour autant) pour l’instant et il nous est demandé de leur faire remonter tout usage autorisé en Europe qui ne le serait pas en France (hors néonicotinoïdes évidemment). Sur ce sujet, FGC a rappelé l’aberration de cette interdiction sans solution, remplacée par 6 pulvérisations foliaires, avec tous les inconvénients que représente ce mode d’épandage. Le ministère s’est réfugié derrière le délai législatif trop court pour imaginer une autre solution en 2024, mais est cependant resté très silencieux sur l’après 2024.

Sur le CSP, le ministère a réaffirmé avec fermeté l’annonce très floue du Premier ministre : « supprimé dans sa forme actuelle ». D’un côté, il n’est plus obligatoire d’avoir le CSP pour renouveler le Certiphyto, mais d’un autre côté, les validités des Certiphyto ont été prorogées d’un an, donc il n’est plus nécessaire non plus repasser le Certiphyto pour l’instant. Avant on marchait sur la tête, désormais on tourne en rond en marchant sur la tête. En revanche, ce qui est clair, c’est que le ministère réfléchit à une autre forme de CSP. FGC a réaffirmé son opposition historique au CSP qui n’apporte aucune plus-value à l’agriculteur. Pour rappel, FGC est opposée à toute forme onéreuse ou obligatoire de CSP.

Enfin, FGC a annoncé que le festival du Non labour et du semis direct (NLSD) se tiendra cette année le 11 septembre à Pontivy (56). Le syndicat a chaleureusement invité Mme la Ministre à s’y rendre, afin de mesurer à quel point les adhérents sont à la pointe des innovations techniques et agronomiques et en avance sur de nombreux domaines.

Après deux heures d’échanges, FGC a chaleureusement remercié Messieurs Guerineau et Breton pour leur écoute et leur attention, qui ont réinsisté sur leur désir de voir FGC transmettre par écrit toutes ses propositions.

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