France Nature Environnement a lancé dernièrement un communiqué de presse virulent contre l'irrigation. Ce n'est pas nouveau, tous les ans à pareille période, l'irrigation revient à la une de l'actualité environnementale. Cette année, ce message est encore plus fort avec la sécheresse qui sévit précocement sur nos régions.
L'irrigation source de biodiversité :
Notre système agricole est basé sur des plantes à développement hivernal et des plantes à développement estival. Ces dernières, avec des évapotranspirations pouvant aller jusqu'à 5 mm par jour doivent trouver l'alimentation hydrique nécessaire à leur croissance.
La réduction des consommations de phytosanitaires est un souci constant pour les agriculteurs. Comme l'a souligné le rapport de l'INRA effectué dans le cadre du groupe Ecophyto R&D (http://www.inra.fr/l_institut/etudes/ecophyto_r_d/ecophyto_r_d_resultats), la rotation culturale est l'outil le plus efficace pour réduire la pression parasitaire. Un des critères d'efficacité de cette rotation culturale est le respect de l'alternance de cultures d'hiver et d'été.
L'irrigation assure la diversité et la réussite des cultures d'été. Les seules cultures d'été praticables en sec sont le tournesol et le sorgho. Le sorgho a l'inconvénient d'avoir un effet déplorable sur la structure du sol et de développer des mycotoxines, considérées aujourd'hui comme nuisible à la qualité alimentaire. Il est important d'ouvrir la biodiversité par le développement possible de cultures telles le maïs, le soja, les pois, le millet, le sarrazin… Seule l'irrigation permet l'introduction de ces cultures !
Le stockage de l'eau :
Il tombe en France 170 milliards de mètres cubes d'eau chaque année. Seuls 32 milliards sont utilisés, le reste part à la mer. L'agriculture prélève 5 milliards, soit seulement 3 % de la pluie qui tombe !
Malgré les déclarations de certains médias, le stockage est en panne depuis dix ans. Le coût nécessaire à la construction des retenues est estimé entre 3 et 8 € par m3. Il est urgent que les pouvoirs publics remettent à jour une politique de stockage sans imposer des conditions intenables, sous la pression de certains groupes environnementalistes.
L'irrigation, meilleure assurance de production :
La volatilité des marchés céréaliers qui résulte aujourd'hui de stocks très bas est le résultat d'une production insuffisante par rapport à la consommation. Les chutes de production qui ont été enregistrées récemment en Europe de l'Est, découlaient d'un climat continental, irrégulier en pluviométrie. L'irrigation a un effet sécurisant sur la production qui apporte une influence bénéfique sur la régulation de la production et donc des marchés.
Les civilisations anciennes assuraient le développement de leur agriculture par la maîtrise de l'eau. Avec la baisse des stocks internationaux, notre société prend conscience de l'effet nourricier de l'agriculture. Il serait regrettable que la perte de la maîtrise de l'eau contribue à faire baisser nos productions dont les besoins ne cessent d'augmenter.
Thierry Guilbert - 06 86 53 62 60
