Dans nos échanges quotidiens avec les éleveurs laitiers, nous constatons que très peu de professionnels de la filière lait, et en particulier les représentants de laiteries, sont réellement au fait du prix de revient du lait pour un producteur. Nous nous faisons donc un devoir de vous informer et de rétablir quelques points de vérité.

 

Le chef du gouvernement français avait assuré qu’il ne laisserait pas les producteurs de lait produire à perte. Or, les résultats de la dernière négociation dans l’interprofession n'ont rien à voir avec ces assurances puisque le prix maximum sera de 280 €/1000litres, très en deçà des coûts de production. De fait, la réalité sera plutôt de 260 €/1000 litres en prenant en compte la flexibilité additionnelle appliquée par les entreprises dont la part de produits industriels (beurre et poudre de lait) représente plus de 20 % des fabrications. En effet, ces entreprises, au titre de cette flexibilité, ont la possibilité de réduire le prix du lait en fonction des cours des produits industriels. Notre revendication pour un prix rémunérateur reste donc entièrement d’actualité.

 

En France, le prix de revient de 1 000 litres de lait, avant rémunération du travail du producteur se décompose aujourd'hui de la manière suivante, pour une étable moyenne produisant 200 000 litres par an :

  •  Alimentation = 96,00 €
  • Autres charges opérationnelles = 50,00 €
  • Amortissement matériel, bâtiments et mise aux normes = 53,00 €
  • Autres charges de structure = 129,00 €
  • Rémunération des capitaux propres et du foncier = 21,00 €
  • Aide directe à la production laitière à déduire = - 35,50 €

Coût de production total de 1 000 litres de lait = 313,50 €

 

Tout producteur qui produit et vend son lait à ce prix là vend donc à perte puisque son travail n'est pas rémunéré et qu'il ne peut donc pas en vivre, à l'image d'un salarié qui travaillerait sans percevoir de salaire.

 

Il faut exiger du ministère de l’Agriculture et de la Commission européenne qu’ils maintiennent et perfectionnent les outils de régulation du marché permettant un équilibre entre l’offre et la demande afin de permettre aux producteurs d’obtenir un prix de 400 €/1000 litres au minimum. C’est seulement à ce prix que les producteurs pourront vivre normalement de leur travail qui est le plus contraignant de toutes les tâches contemporaines tant par sa pénibilité qu’en terme de durée et d’astreinte.

 

Nous avons été heureux de constater lors de la table ronde sur la crise de la filière laitière du 15 juillet dernier, la volonté du ministère de l’Agriculture de sortir de la politique de cogestion. Nous espérons à l’avenir être mieux entendus, notamment en siégeant à l’interprofession. Nous déplorons tout de même que les organisations qui y siègent et qui ont négocié les 280 €/1000 litres aient aussi mal informé les membres du gouvernement sur la réalité économique du métier de producteur de lait.

 

La Coordination Rurale de Lozère se bat pour obtenir un prix du lait à 400 €/1000 litres.

L’exhortation du ministère à renouer avec des prix justes et équitables du lait en France nous a beaucoup touchés mais semble malheureusement ignorer la réalité du grand marché unique européen qui fait que le prix du lait est dramatiquement bas chez tous nos voisins et qu’il est donc illusoire de maintenir des prix différenciés entre la France et tous les autres.

 

Avec l’EMB, nous continuons d’oeuvrer pour unir l’ensemble des producteurs européens qui se préparent, s’ils ne sont pas entendus par le pouvoir politique européen qu’ils considèrent comme l’unique responsable de cette crise, à engager un combat déterminé avec les dernières armes qui leur restent, à savoir le pouvoir de refuser de livrer leur lait.

 

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