Le Covid-19 touche de plein fouet notre pays nous forçant à nous adapter. Ainsi, le confinement qui a été instauré a de lourdes répercussions sur l’économie du Grand Est et la filière lait n’est pas épargnée.

Vers une nouvelle crise du lait ?

 

Les indicateurs de la filière lait sont mauvais. D’après l’Institut de l’élevage, la forte baisse de la valorisation beurre poudre laisse craindre à une baisse entre 20 et 30 € du prix du lait au deuxième semestre, pouvant amener à une nouvelle crise de la filière.

La fermeture d’une partie des points de vente (fromageries, vente directe) a fait baisser la consommation de fromages AOP et donc la demande de lait pour ces produits. De plus, les marchés de grand export (Chine, Moyen Orient) sont restés fermés durant plusieurs semaines. Le marché des produits secs a de ce fait subi de fortes perturbations. Le reste de la filière lait ne permet pas de rattraper le trop plein de production. Il s'ensuit que la production de lait trop importante comparée à la demande.

Une situation préoccupante en Haute-Marne

 

« Si rien n’est fait pour la filière lait, nous courons droit au désastre ! » Ce sont les mots de Arnaud Buat, président de la CR52 et éleveur laitier. Il réagissait ainsi à la situation particulièrement tendue de la production laitière en Haute-Marne. En cause : la fermeture de plusieurs laiteries comme celle de Saulxure (52) ou celle de Biencourt-sur-Orge (55).

Face à la crise, la coopérative Sodiaal applique une saisonnalité négative de 20 € en avril et mai. Cette réfaction devrait être rendue aux producteurs à l’été. De son côté, le privé Lactalis demande à ses éleveurs une baisse de production de 20 %, ce qui compte tenu des délais, est irréalisable à court délai sur le plan technique, et très dangereux aux plans économique et financier.

Pour Romain Pasquier, lui aussi éleveur laitier de la CR52, rien n'a changé depuis la crise de 2009 : « Avec la crise du lait en 2009, je pensais que les décisionnaires avaient appris de leurs erreurs. Cependant, avec la tournure des événements, je vois bien qu'aucun apprentissage n'a eu lieu et encore une fois, les producteurs vont devoir endurer les conséquences des décisions qui ont été prises pour la filière laitière. »

Ces décisions des acteurs de la filière montrent bien l’impact profond de la pandémie de Covid-19 dans notre département.

Les éleveurs laitiers ont besoin de soutien

 

Face à cette situation, les éleveurs laitiers ont de nombreuses craintes. Est-ce que la continuité de collecte aura bien lieu ? Quelle incidence sur le prix du lait ?

A l’heure actuelle, la laiterie de Biencourt-sur-Orge n’est fermée qu'une semaine sur deux et toutes les exploitations continuent d’être collectées normalement. Mais qu’en sera-t-il par la suite ?

En cette période de confinement qui semble devoir se prolonger, les acteurs de la filière doivent trouver des leviers pour aider les éleveurs à continuer de travailler tout en leur assurant une rémunération juste pour affronter cette nouvelle crise.

Une proposition claire de la CR : la mise en place de la régulation des production

 

Il est impératif aujourd’hui d’instaurer un système de régulation des productions, avec de réels outils permettant de stabiliser les marchés. Il permettrait de redimensionner la production européenne en fonction de la demande et d'assurer des débouchés stables. Les prix seraient ainsi basés sur un plancher supérieur à nos coûts de production.

Dans cet esprit, la Coordination Rurale a conçu avec l’EMB, organisation européenne de producteurs de lait, le programme de responsabilisation des marchés (PRM) pour réguler le marché du lait et permettre un prix rémunérateur et stable pour les éleveurs.

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