La 3ème semaine de la Coopération s'achève, sur fond de crise agricole qui perdure, mais qui ne semble pas toucher tout le monde. La Coordination Rurale de Moselle constate que l'agriculture va bien, mais que les agriculteurs vont mal...

Une semaine au bénéfice de qui ?

Dans un article du Figaro du 7 juin, Pascal Viné, Délégué général de Coop de France, explique le but de cette semaine : « Nous voulons faire connaître aux citoyens et aux consommateurs le rôle et la puissance de ces entreprises pas comme les autres qui appartiennent aux agriculteurs.»

Les marques sont mises en avant, il est annoncé que 3/4 des agriculteurs sont coopérateurs, et que la coopération emploie 165 000 personnes. Bien, mais pour quel résultat au final ? Quelles retombées pour les coopérateurs qui financent ces opérations de communication ?

Dans un article de LSA Conso, on sent bien que la priorité de Coop de France est de faire du lobbying sur l'emploi, sur les réductions de charges salariales, la compétitivité, etc.

La coopération : un bon système, mais des valeurs à conforter

Pascal Viné, toujours pour Le Figaro, continue sa présentation : « le thème de cette année est : «liberté, égalité, coopérer». Dans les coopératives, nous sommes attachés à ces trois valeurs : la liberté d'entreprendre, l'égalité des adhérents sociétaires et l'envie de coopérer et travailler ensemble. Un modèle original d'entreprise non OPAble et non délocalisable.»

Sur la liberté d'entreprendre, nous émettons quelques réserves : suivant les structures coopératives, il y a des engagements contraignants et longs, et peu de retour financier.

L'égalité des adhérents sociétaires est à notre avis perfectible. Elle est certainement une réalité au sein de petites coops où chaque adhérent = 1 voix, mais dans les monstro-coops, ce n'est pas le cas. Tout est verrouillé via les assemblées de section, et les idées ne viennent plus de la base, mais d'en haut.

Enfin, sur l'envie de coopérer et de travailler ensemble, nous sommes convaincus que le modèle est bon, mais il échappe aux agriculteurs. Les résultats sont là, mais quel retour pour les agriculteurs ? Dans de nombreuses coopératives, ils sont moins bien payés que chez un privé. A la CR57, nous pensons que la coopération devrait être un moteur vers des prix rémunérateurs.

Et justement, en fin d'article, il est enfin question de prix... :

« Nous voulons favoriser l'organisation économique des producteurs agricoles, pour agir sur les prix et les volumes. Une meilleure répartition de la valeur dans la filière ne passera pas par la loi, ni par la guerre des prix entre distributeurs. »

Dans ce monde opaque, nous ne connaissons que 2 choses : le prix payé en sortie de ferme qui ne permet pas aux agriculteurs de survivre, et le prix final payé par le consommateur. Entre les deux, nous constatons qu'à la fois transformateurs et distributeurs vivent bien...

Alors oui le modèle coopératif est bon, mais si les coopératives « appartiennent aux agriculteurs », ces derniers sont, du fait de prix très faibles, de moins en moins nombreux. Et les coopératives, toujours plus grosses, ne peuvent échapper à leur responsabilité dans cette situation.

Tout n'est pas une question de taille

Quand Philippe Mangin verrait bien une seule grosse coopérative, de petites coopératives laitières se créent dans l'Ouest, preuve que le modèle coopératif à très grande échelle est à bout de souffle.

D'autres ont su garder une taille maîtrisable, avec une gouvernance efficace, des moyens humains et techniques raisonnables et paient mieux, sinon correctement leurs coopérateurs. Prenons l'exemple en Lorraine, où la plus petite des 4 coopératives céréalières est celle qui paye le mieux ses adhérents, quand d'autres font au moins 10 fois sa taille et se lancent dans le machinisme ou dans des regroupements de vente de céréales, sans aucune plus-value pour leurs adhérents.

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