Le 20 novembre, Fabrice Kilbourg, trésorier de la Coordination Rurale de la Moselle (CR 57) et éleveur de bovins viande a échangé avec Madame Hélène Zannier, députée de la 7e circonscription de Moselle, au sujet du Référendum d’initiative partagée (RIP) sur les animaux. La CR 57 avait souhaité rencontrer cette élue qu’ils considèrent comme attachée à la ruralité, pour comprendre son soutien à une démarche vue par les éleveurs comme le cheval de Troie des antispécistes.

Madame Zannier a expliqué qu’elle avait soutenu cette initiative pour interpeller les citoyens sur la question du bien-être animal. En tant que députée, elle estimait nécessaire de mettre le débat sur la place publique. Cela a permis de couper court aux fantasmes, tout le monde a pu s’exprimer, et pas seulement ceux qui veulent confisquer le débat en jouant sur la corde sensible sans contre-pouvoir.

En revanche en ce qui concerne le projet de loi en lui-même, elle considère qu’il est catastrophique et assure qu’il ne sera jamais voté en l’état. L’article 2, qui dispose que l’on ne puisse plus rentrer les vaches, est par exemple choquant. Le discours est dangereux, car sous couvert de défense du bien-être animal, on voudrait ériger des normes très caricaturales. Madame la députée précise qu’au train où vont les choses, ce RIP ne sera pas examiné, mais il faudrait pouvoir en discuter.

Elle alerte aussi sur le BEA, auquel elle est attachée, mais craint que la grande distribution ne s’empare du sujet au détriment des agriculteurs, donc sans répercussion sur les prix. La CR est d’accord sur le fond.

Pour Fabrice Kilbourg, « beaucoup d’intérêts jouent sur la corde sensible pour persuader l’opinion publique qu’élevage en bâtiment est synonyme de maltraitance. L’agriculture a fait des progrès, et ce qui fait peur, c’est que des groupes d’intérêt veulent mettre à mal l’élevage et la consommation de viande pour ensuite vendre de la viande produite en laboratoire. On se rend compte que même dans nos petits villages, il y a une déconnexion du consommateur avec l’élevage. Le BEA est dans l’air du temps, mais ne doit pas aller au-delà du raisonnable, on arrive dans des situations ubuesques… Pourtant, si on veut gagner de l’argent, il faut bien traiter nos bêtes. Déjà que le gain n’est pas énorme, si on ne fait pas bien son boulot, c’est une catastrophe ! »

Pour conclure, Fabrice Kilbourg ajoute « qu’il y a un autre volet de l’élevage qu’on n’aborde pas assez souvent. C’est vrai qu’on élève au départ des bêtes pour le lait ou la viande, mais derrière l’activité d’élevage, il y a quand même un réel volet d’entretien de l’espace naturel, et les gens oublient que si on arrêtait l’élevage, 1/3 du territoire serait en friche. Certaines terres pourraient certes être mises en cultures, mais pas toutes, et surtout pas les prairies humides. L’élevage participe à la beauté des paysages et à la biodiversité. »

La CR 57 remercie Madame Zannier pour cet échange, et restera vigilante sur les suites de ce référendum, tout comme sur les initiatives parlementaires qui pourraient menacer l’élevage.

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