A l'approche du blocage de raffineries par la FNSEA pour protester contre les importations d'huile de palme qui vont concurrencer le diester de colza français, celle-ci devrait consulter son organigramme et de celui de ses organisations satellites.
Que va faire M. Arnaud Rousseau ? Il est membre du bureau de la FNSEA, Président de la FOP et du Groupe Avril. S'il manifeste avec la casquette syndicale, il va donc être contre l'huile de palme. Mais en tant que Président du Groupe Avril, il ne va quand même pas renier les activités (certainement lucratives) de sa filiale Oléon. La spécialité d'Oléon ? La production d'huile de palme et de coco, et autres produits et dérivés extraits.
Une position ambiguë, et finalement peu intéressante pour le producteur de colza français, qui n'a aucun intérêt à ce que le Président de "sa" fédération assure le développement de la culture du palmier en Malaisie et en Indonésie, ou même la culture du colza en Roumanie via sa filiale Expur...
Lors de cette manifestation, Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA, entend demander l’interdiction d’importer « tout produit ne correspondant pas aux standards de production français ». Bien, mais quel revirement par rapport à 2015, quand le Copa Cogeca (ou siège la même FNSEA), se félicitait des accords de libre échange... Et que penser des investissement faramineux opérés par "nos" coopératives à l'étranger qui viennent concurrencer directement nos productions nationales ? Où sont les retombées pour le producteur coopérateur français ??
Quand Mme Lambert demande l'interdiction de « tout produit ne correspondant pas aux standards de production français », cela s'entend-il aussi pour l'alimentation animale ? Dans son modèle productiviste, comment va-t-on faire pour produire plus et à moins cher, avec des fermes de 250-300 vaches.
Enfin, que penser de la vision d'un commerce sans distorsion, quand celle-ci émane d'un syndicat qui a soutenu l'accord Maroc / UE, sans se préoccuper de l'impact de cet accord sur les producteurs français...
Il est en effet particulier que des administrateurs de la FNSEA développent des productions à l'étranger qui viennent concurrencer l'activité des paysans français, et que le même syndicat entent limiter les distorsions de concurrence...
Si nous partageons les constats, en particulier sur les importations ne respectant pas les standards français, nous n'avons que d'autre choix que celui de dénoncer cette posture en totale contradiction avec les actes et les convictions défendues par le vieux syndicat.
La Coordination Rurale a toujours tenu à défendre le revenu des producteurs en priorité avant les intérêts de l'agro-industrie. Le nombre d'agriculteurs ne cesse de baisser, ils travaillent toujours plus et leur revenu n'a jamais été aussi bas. De leur coté les agro-industriels français n'ont jamais été aussi riches et puissants. Il ne faut pas défendre un modèle qui a échoué mais en construire un nouveau dans lequel le revenu des agriculteurs ne sera plus la variable d'ajustement. C'est ce à quoi s'emploie la CR depuis sa création en 1992.
Sylvain FRANZ - Président de la CR57
