Chers collègues, la lecture de l'article - interview de Jean-Marc Brème dans le Républicain Lorrain du 12 février m'avait laissé sans voix. Sans voix devant tant de ferveur à défendre la sortie du métier par la préretraite et la décapitalisation par la vente de foncier. Comment peut-on, en tant qu'agriculteur et représentant syndical, vouloir la même fin de l'agriculture que celle de l'industrie ? Fallait-il répondre ? Oui, car il m'a semblé que je ne pouvais pas laisser une telle vision négative être la seule que vous puissiez lire. En effet, compte tenu de la situation fragile dans nombre d'exploitations, un tel message est même dangereux. Car si je partage le constat de la gravité de la crise, je ne peux en revanche partager l'exposé des solutions. J'espère que l'avenir des agriculteurs ne passe pas par un départ en retraite anticipé, ou par la financiarisation des fermes. Et quel avenir que celui de décapitaliser pour continuer à travailler ?! Est-ce là la perspective à donner aux agriculteurs et en particulier aux jeunes et futurs installés ? Car si M. Brème a bien vendu le GFA de la Moselle, nous ne voyons pas en quoi cela règlera le 1er problème des agriculteurs : celui des prix des matières premières agricoles !! Des prix tellement bas qu'ils ne permettent ni de couvrir des charges, ni d'investir, ni (et surtout) de se verser un salaire ! Ils sont le fruit d'une politique productiviste orientée à l'export, par ailleurs défendue par son propre syndicat : « Produisez plus, mais à moins cher. Il faut que l'on soit compétitifs sur le marché mondial ». A la Coordination Rurale, nous refusons ce programme visant à déposséder les agriculteurs de leurs terres pour en faire de simples chauffeurs de tracteurs. Avec une vraie politique de régulation, une préférence communautaire et une TVA sociale telles que défendues par la CR, nous aurions des prix rémunérateurs. Et alors, nous n'aurions pas à regarder la sortie de notre métier comme LA solution. Effectivement, nombre de grands groupes coopératifs ne jouent pas le jeu, surtout en période de crise. Mais heureusement, ce n'est pas le cas de toutes les coops. Le modèle coopératif est bon quand il est au service des adhérents. Et plutôt que de critiquer le système, il faudrait s'intéresser à la gouvernance de ces organismes... Enfin, d'autres pistes techniques sont à explorer, à expérimenter, et la CR s'en fait régulièrement écho, comme le bas-volume, les TCS, produire un peu moins pour dépenser et/ou perdre moins, etc. Bien sûr que la situation n'est pas idéale, que nous avons à affronter tous les jours sur nos fermes les conséquences des aléas climatiques, administratifs, politiques, économiques, etc. Mais gardons la tête haute, et le moral. Battons-nous pour une Agriculture qui profite aux paysans, afin que nous puissions rester décideurs et entrepreneurs sur nos fermes.   Fabrice KILBOURG Trésorier de la CR57 - Agriculteur à Freybouse (57)

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