Dans un communiqué de presse du 31 juillet 2020, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, autorise les éleveurs de 47 départements touchés par la sécheresse à utiliser les surfaces en jachère pour faire pâturer leurs troupeaux ou pour faucher et produire du fourrage.

Ils bénéficieront d’une reconnaissance de circonstances exceptionnelles et, par conséquent, les jachères déclarées en tant que surfaces d’intérêt écologique (SIE) même fauchées ou pâturées pourront continuer à être comptabilisées comme SIE pour l’octroi du « paiement vert » (plus d’infos sur le paiement vert sur ce lien). Si vous souhaitez demander la dérogation, retrouvez la démarche sur notre site Internet.

Dans notre région

Dans le Centre-Val de Loire, les départements concernés sont le Cher (18), l'Eure-et-Loir (28), le Loir-et-Cher (41) et le Loiret (45). Bien que cette décision soit la bienvenue, plusieurs points ont fait naître des crispations.

Tout d’abord, la date à laquelle a été choisie l’autorisation. Pour la Coordination Rurale, qui avait demandé dès le mois d’avril au ministre de l’Agriculture d’anticiper la sécheresse advenant, cette autorisation arrive encore une fois beaucoup trop tardivement. « Pour la pâture, cela ne va malheureusement pas nous rendre service. On est en août, l’herbe est déshydratée », s’insurge Axel Masson, éleveur dans le 41. En effet, certaines jachères sont arrivées à maturité il y a plusieurs semaines déjà et, de surcroît avec la chaleur, le fourrage n’a pas pu conserver toute sa valeur nutritive pour les animaux. « Comment peut-on imaginer faire une fauche qualitative ou même juste quantitative après deux mois de sécheresse ? », s’offusque Didier Tranchant, éleveur et président de la CR 37. « C’est encore une occasion ratée ! », reproche Geneviève De Brach, agricultrice en polyculture élevage dans le Cher.

Ensuite, la nature des agriculteurs bénéficiaires. N’autoriser que les éleveurs est un non-sens : il aurait été idéal d’ouvrir cette dérogation également aux céréaliers, afin que ces derniers puissent en faire bénéficier aux éleveurs. « On passe à côté de quelque chose. Pour quelles raisons un céréalier ne peut-il pas aider un éleveur en lui mettant à disposition une jachère pour les animaux ? », réagit Geneviève de Brach.

Enfin, le périmètre géographique d’autorisation. Certes, les conditions climatiques sont inégales selon les départements. À l’échelle régionale, les 6 départements sont concernés par au moins un arrêté réduisant ou interdisant les prélèvements d’eau à des fins agricoles (1) mais 2 ne bénéficient pas de la dérogation à l’interdiction de valorisation des jachères, à savoir l’Indre (36) et l’Indre-et-Loire (37). « La démarche de fauche de jachère devrait suivre ces arrêtés ! Il y a un manque de cohérence », s’étonne Gilles Pinon, éleveur en polyculture dans le nord du 36. « Il est dommage de cloisonner les départements de cette façon car nous sommes souvent amenés à travailler ensemble et faire des échanges », complète Didier Tranchant.

Un peu de positif dans tout cela ?

« Le point positif est qu’au moins, cette autorisation arrive plus tôt que l’an dernier », concède Geneviève De Brach. « et qu’une jachère fauchée peut limiter les incendies puisque c’est autant d’herbes sèches qui ne peuvent pas prendre feu », ajoute Gilles Pinon.

Si le gouvernement n’apporte pas la réponse souhaitée en temps voulu, peut-être que « la solution doit venir de nous, agriculteurs. Pourquoi ne pas déclarer des prairies temporaires plutôt que des jachères ? Après tout, ce principe est un outil PAC », propose Axel Masson.

Si vous souhaitez demander la dérogation, retrouvez la démarche à suivre en cliquant sur ce lien.

 

(1) Propluvia, 5 août 2020. http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluvia/faces/index.jsp

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