Afin de répondre à la situation préoccupante de la filière chevreau, le ministère de l’Agriculture a missionné un groupe d’experts du CGAAER (Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux) qui a pour mission de proposer des pistes pour sortir la filière de l’ornière. En effet, la crise liée au Coronavirus a mis un coup d’arrêt à la consommation de viande de chevreau suite à l’interdiction de rassemblements familiaux et à la fermeture de la restauration, qui représentent les occasions de consommation de cette viande festive. Cela a conduit à des surstocks et à un effondrement des prix.

Dans cette optique, la mission a interrogé à tours de rôle les acteurs de la filière, dont la Coordination Rurale qui n’a pas manqué de faire ses propositions.

Des lactations longues pour limiter l’afflux de chevreaux

Avec une collecte laitière en légère croissance sur les premiers mois de l’année, la filière caprine française a vu la part des importations reculer de 15 à 13 %. Cette croissance participe à la multiplication du nombre de chevreaux, ce qui ne contribue pas à l’équilibre de ce marché déjà très encombré. Afin de limiter cet afflux, la CR estime que l’adoption de lactations longues pour les chèvres permettrait un ralentissement de l’offre. Cependant, cette mise en place doit être accompagnée d’un suivi technique rapproché.

La question des débouchés reste centrale pour assurer la pérennité de la filière. Dans cet objectif, la CR propose que la restauration collective soit encouragée à se fournir en viande de chevreau. Pour compenser les coûts de transformation plus élevés que sur d’autres viandes, raison pour laquelle le chevreau reste rarement proposé, le syndicat évoque la possibilité pour l’État de prendre à sa charge une partie du prix d’achat, afin d’accentuer sa promotion.

Par ailleurs, la viande de chevreau n’est pas assez présente sur les étals de la grande distribution, notamment au sein des centres urbains, et reste très peu consommée par les français : sur une année sans pandémie, la consommation de viande de chevreau s’élève à 50 grammes par an et par français. Les distributeurs doivent donc accroître leur intérêt pour cette viande qui dispose de vertus diététiques intéressantes.

Une seconde enveloppe de l’État dont les éleveurs naisseurs ont besoin

Après l’octroi d’une première enveloppe de 600 000 euros à l’attention des abatteurs en fin d’année 2020, qui a permis de compenser les surcoûts liés au stockage de la viande de chevreau, une seconde enveloppe du même montant doit être versée début 2021. Cette dernière sera débloquée sur présentation par l’interprofession d’un bilan factuel. Elle sera versée aux acteurs de l’aval de la filière, et est censée ruisseler jusqu’aux acteurs de l’amont. La CR craint que ce ruissellement, comme à l’accoutumé, ne parvienne pas jusqu’aux éleveurs et soit totalement perçu par les abatteurs et les engraisseurs.

Or, avec des prix d’achat oscillants autour de 50 cts/chevreau dans certaines régions, les éleveurs-naisseurs ne parviennent pas à couvrir leurs coûts de production. La CR demande donc que cette aide soit ventilée équitablement entre les différents maillons de la filière.

La filière chevreau n’est malheureusement pas la seule à subir de fortes perturbations suite à la crise sanitaire, comme en témoignent les fluctuations de prix à la baisse au sein de la filière vitelline. Certains enseignements peuvent donc être tirés du travail réalisé par cette filière.

Le rapport comportant les préconisations du CGAAER doit être transmis au ministère au mois de juillet 2021.

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