Les éleveurs n’auront pas eu beaucoup de temps pour se réjouir de l’interdiction d’utiliser des dénominations animales pour les protéines végétales ! Le même jour, l’Union européenne concluait un accord avec la Nouvelle-Zélande, laissant la porte ouverte à l’importation de produits d’origine animale qui devront parcourir 20 000 km. Quelques jours plus tard, l’élevage était dans le viseur du dernier avis du Conseil national de l’alimentation (CNA).

La journée commençait plutôt bien en ce 30 juin 2022, lorsque le décret n° 2022-947 du 29 juin 2022 est paru au Journal officiel : ce sont désormais plus de 330 dénominations (viande hachée, charcuterie, etc.) qui sont enfin exclusives aux productions animales. La Coordination Rurale se félicite pour cette victoire sur une injustice dénoncée par la section Viande.

Un décret dont il aurait été possible de se réjouir s’il n’était pas arrivé le jour de la signature d’un accord de libre-échange entre l’UE et la Nouvelle-Zélande. Après 5 ans de négociations, cet accord conduit à l’augmentation des contingents de beurre (+15 000 T), de fromages (+20 000 T, libéralisation complète pour les « bleus » et les fromages fondus), de poudre de lait (+13 500 T) et de protéines de lactosérum (+3 500 T), qui s’ajoutent aux 75 000 T de contingents déjà en vigueur. Pour le secteur ovin, l’UE a offert 38 000 T équivalent-carcasse supplémentaires qui s’ajouteront aux 126 000 T déjà concédées précédemment. Pour la Coordination Rurale, c’est encourager la Nouvelle-Zélande à orienter sa production vers nos consommateurs, alors que nos éleveurs peinent à dégager un revenu décent, comme les chiffres de l’OFPM publiés récemment en témoignent (17 860 €/UTANS de RCAI).

Enfin, en opposant les productions animales et végétales dans la notion de système alimentaire durable et en préconisant le remplacement des protéines animales par les végétales dans son avis du 6 juillet 2022 (n°90), le CNA attaque l’élevage sans aucune considération pour les systèmes agricoles français. La Coordination Rurale tient à souligner qu’il n’existe pas de système alimentaire durable sans élevage ; mais peut-être les membres du CNA préfèrent-ils que des fertilisants chimiques et organiques soient importés plutôt que d’utiliser les déjections animales pour enrichir les sols ? Peut-être qu’ils préfèrent au lait de vache le lait d’amande californien¹ produit en monoculture sur des parcelles gigantesques à grands coups d’eau et de produits phytosanitaires ? Ont-ils oublié, par ailleurs, aussi que les ruminants entretiennent les espaces, limitant ainsi les feux tout en protégeant la biodiversité ?

Un pas en avant, deux pas en arrière : c’est la politique menée actuellement en France et en Europe, et les éleveurs en sont les principales victimes. Nos dirigeants souhaitent-ils la mort de l’élevage ?

¹ 80 % des amandes utilisées dans le monde viennent de Californie selon le journal « Le Monde ».

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