Le jeudi 2 juillet a été lancé le Référendum d’Initiative Partagée (RIP) pour les animaux, à l’initiative du journaliste de France 2 Hugo Clément, de Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic), Jacques-Antoine Granjon (Vente privée) et d’autres organisations parmi lesquelles l’association antispéciste L214.

Ce référendum propose six mesures : • Interdiction de tout nouvel élevage n’offrant pas un accès au plein air adapté au besoin des animaux • Interdiction des spectacles d’animaux vivants d’espèces non domestiques • Interdiction des expériences quand il y a une méthode alternative • Interdiction des élevages pour la fourrure • Interdiction de la chasse à courre • Interdiction de l’élevage en cages, cases, stalles ou box à partir du 1er janvier 2025

Pour rappel, afin de soumettre ce référendum au vote de la population et conduire à une modification du cadre législatif, le soutien d’un cinquième des parlementaires, soit 185 députés et/ou sénateurs sur 925, et d’un dixième du corps électoral, soit 4,7 millions d’électeurs est requis.

Soutenu par de nombreuses personnalités publiques, ce référendum suscite des débats légitimes sur la condition animale qui est l’affaire de tous, propriétaires amateurs d’animaux domestiques comme éleveurs professionnels. À ce titre, les éleveurs, comme l’a rappelé récemment le ministre de l’Agriculture dans une interview sur Sud Radio, sont par définition sensibles au bien-être de leurs animaux, ne serait-ce que pour produire une alimentation de qualité.

De plus, ce référendum mélange et amalgame des propositions qui relèvent du bon sens (Interdiction des expériences quand il y a une méthode alternative) avec des propositions qui sous-entendent que les éleveurs qui ne pratiquent pas l’élevage en plein air maltraitent leurs animaux. De même, le caractère « fourre-tout » du référendum laisse craindre qu’il sera présenté de manière biaisée, ambiguë voire simpliste, laissant croire aux électeurs qu’il ne s’agit que de bien-être animal. Évidemment qu’à la question «Êtes-vous pour le bien-être animal ?», chaque électeur répondra par l’affirmative. Or, ce référendum n’est pas aussi innocent et bienveillant qu’il n’y paraît, ce serait un pas de plus vers l’abandon de l’élevage en France s’il venait à être adopté.

Interdire l’élevage en cage, c’est aller à l’encontre des animaux

Le référendum propose l’interdiction d’élever les animaux en cage, mais également d'interdire tout élevage n’ayant pas d’accès au plein air. Si cela venait à être adopté, les conséquences ne se répercuteraient pas seulement sur les éleveurs, mais bien aussi sur les consommateurs.

La France possède les standards de bien-être animal parmi les plus élevés à l’échelle mondiale, avec une réglementation en constante évolution. À titre d’exemple, les truies ne sont en cage que pendant la période de mise bas (qui permet à cette occasion de ne pas générer d’écrasement de porcelets), et sont en liberté le reste du temps.

L’agriculture est l’une des professions qui a le plus évolué ces vingt dernières années, signe que les agriculteurs ne sont pas dogmatiquement opposés à l’évolution des pratiques. Du travail reste bien sûr à accomplir, et les filières d’élevage y travaillent chaque jour. Or, ce référendum moralisateur participe encore à discréditer l’excellence de l’agriculture française en opposant des agricultures pourtant complémentaires : celle en circuit court tournée vers le consommateur et celle qui fournit le secteur agroalimentaire.

En effet, ce type d’élevage permet de fournir à des prix faibles une alimentation carnée et protéinée aux consommateurs les moins aisés. L’interdire purement et simplement reviendrait à accroître les coûts de production, ce qui se répercuterait inévitablement à la hausse sur le prix consommateur. Ces derniers, contraints par leur pouvoir d’achat, s’orienteront donc vers des produits moins chers, principalement issus d’importation, notamment de pays ayant des conditions d’élevage bien inférieures à celles instaurées dans l’hexagone, et pénaliserait de ce fait le bien-être des animaux.

Le seul effet de ce RIP serait donc d’accentuer la perte d’indépendance alimentaire mise en lumière au cours de ces derniers mois, et favoriserait la multiplication d’accords de libre-échange tels que le CETA ou le Mercosur. Pire encore, les éleveurs qui croulent déjà sous la sur-transposition des normes européennes, se verraient concurrencés au sein même de l’UE, par des pays qui sont très loin de pratiquer l’élevage paysan.

Une belle cause ou une opportunité de business ?

Comme indiqué plus haut, de riches hommes d’affaires sont à l’initiative de ce référendum. Inutile d’indiquer que ce n’est pas par altruisme ou bonne conscience qu’ils soutiennent ce projet. En effet, le « bien-être animal » peut leur rapporter beaucoup. On peut ainsi s'interroger sur les motivations de Xavier Niel, PDG de Free, qui via son fonds d’investissement « Kima Ventures », finance des entreprises qui produisent des alternatives à la viande telles que « 77 foods » ou « Les nouveaux fermiers ».

Cette situation n’est pas sans rappeler celle outre-atlantique, où les GAFA financent à coups de millions de dollars le développement de la viande in-vitro et les entreprises inscrites dans les alternatives végétales, et dans le même temps les associations antispécistes telles que L214.

Ces entreprises se servent du militantisme exacerbé d’une poignée de personnes qui ne connaissent rien au monde de l’élevage, en contestant les intérêts avérés de la consommation de viande pour la santé ou l’environnement et ce, dans l’unique but de développer de nouveaux marchés et de s’enrichir.

Pour toutes les raisons évoquées ci dessus, la CR s’oppose fermement à ce référendum, et a donc contacté les parlementaires pour les dissuader d’y apporter leur soutien.

 

Afin de distinguer le VRAI du FAUX sur l’élevage, la CR a réalisé un argumentaire. Cliquez-ici pour y accéder.

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