Au vu des récents coups de communication du syndicalisme majoritaire observés dans les supermarchés français, la Coordination Rurale souhaite rappeler qu’il ne faudrait pas se tromper de cible. Le lait de consommation représente 10 % de la filière lait. Que fait-on pour les 90 % restants ? De plus, si nous fustigeons le fait que les agriculteurs soient toujours les derniers servis, nous refusons de faire porter toute la hausse des coûts de production aux consommateurs.

Car le problème du lait est systémique : c’est toute la filière qui doit prendre ses responsabilités et se conformer aux lois. Le manque de transparence dont font preuve certains maillons de l’aval n’échappe à personne. Ainsi, le président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM), Philippe Chalmin, déplore l’impossibilité de décliner les données laitières en fonction des métiers de l’industrie (multiproduits, produits de grande consommation, commodités…), car « un certain nombre d’entreprises ont un culte de la discrétion peut-être un peu excessif ». Par exemple, l’absence de données sur la valorisation beurre-poudre est un secret de polichinelle : qui va enfin exiger des transformateurs qu’ils rendent leurs marges publiques ?

Le dysfonctionnement est systémique encore, parce que certaines coopératives tirent les prix vers le bas en toute impunité, malgré un plan de filière et la loi Egalim. Et tout le monde en profite, sauf bien sûr les agriculteurs ! Selon l’European Milk Board (EMB), en 2021, le lait était vendu en moyenne en France 29 % en dessous de son coût de production. Peut-on vraiment se féliciter d’une filière qui ne permet pas de rémunérer justement le premier maillon de la chaîne ?

Si rien n’est fait, la filière lait va droit dans le mur. Les éleveurs se préparent à jeter l’éponge, et personne ne sera là pour reprendre leurs exploitations laitières chroniquement déficitaires. La Coordination Rurale revendique depuis plusieurs mois maintenant que le lait soit payé 50 centimes par litre : il serait temps que le reste de la filière prenne ses responsabilités et garantisse un revenu décent aux éleveurs.

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