Pour la quatrième étape du Tour de France, les coureurs partiront de Mondorf-les-Bains (Luxembourg) pour arriver à Vittel (Vosges). Ils traverseront donc la Moselle, département dans lequel Guillaume, 24 ans, est salarié du Gaec familial composé aujourd’hui de son père et de son frère. 

Sur la commune de Bourgaltroff (57), les membres du Gaec en polyculture élevage détiennent une référence de 640 000 litres de lait livrés chez Sodiaal, et cultivent 270 hectares, dont 170 de terres labourables (blé, orge, colza et maïs ensilage) et 100 de prairies. Guillaume est en cours d'installation ; elle sera effective à la fin de l’année, lors du départ en retraite de son père.

Quel a été ton parcours de formation ?

J’ai terminé ma formation agricole en 2011, à l’issue d’un Bac Pro CGEA. J’ai fait le choix de suivre une spécialisation en production animale pour le BEP, puis végétale pour le Bac pro, pour pouvoir toucher à tout. En 2011, je me suis demandé si j’allais poursuivre par un BTS mais l’installation de mon frère (reprise d’une exploitation voisine, travaux sur les bâtiments…) a augmenté la charge de travail sur la ferme. Je me suis donc décidé à rejoindre l’exploitation, d’abord comme aide familial pendant une paire d’années, puis en tant que salarié et bientôt en tant qu’associé.

Pourquoi as-tu abandonné le projet de reprise d’une ferme voisine ?

J’ai débuté le parcours à l’installation en 2016. A l’époque, j’avais la perspective de reprise de cette ferme voisine, mais au fur et à mesure que nous avancions, elle me semblait de moins en moins intéressante : peu de terres, une charge de travail importante, les investissements nécessaires… J’ai fini, en accord avec le conseiller de gestion, par interrompre le processus. J’ai donc déjà réalisé les stages 21 heures et communication, obligatoires dans mon département. C’est un peu comme le service militaire : il faut le faire. L’an dernier, quand j’ai vu la météo du mois de juin (il pleuvait), j’ai contacté la chambre d’agriculture et fait les deux stages à la suite. Aujourd’hui, mon père a entamé les démarches pour prétendre à la retraite dès la fin de l’année, et je devrais faire une installation « simple », en reprenant sa place d’associé du Gaec et bénéficier de la nouvelle formule des aides à l’installation (DJA revalorisée suite à la disparition des prêts bonifiés).

Tu sembles serein, confiant, concernant ton installation. Vrai ?

Oui, parce que c’est une décision que j’ai mûrement réfléchie. Comme tous les jeunes installés en production laitière, Sodiaal m’attribue 300 000 litres de référence supplémentaires. Un voisin, administrateur de la coopérative, est venu me voir, pour me conseiller de les réclamer, d’investir dans une extension du bâtiment pour augmenter le cheptel… Dans le contexte actuel, je n'en veux pas. J’ai la fibre de l’élevage, c’est pour cela que je m’installe, mais le prix n’y est pas. Aujourd’hui, le bâtiment est aux normes, remboursé, il convient bien aux volumes produits. Nous n’investirons pas davantage et nous contenterons de ne plus freiner les vaches, comme c’était le cas par le passé en fin d’année. Nous avons en projet de mettre en place quelques changements culturaux pour gagner en rentabilité et éventuellement quelques aménagements (silos, stockage d’aliments...). Le rythme de travail est soutenu : mes journées commencent tous les jours à 5 h, mais le travail sur la ferme est mécanisé et bien organisé. Nous avons réparti les tâches selon nos goûts respectifs et être en société nous permet à chacun d’avoir du temps libre (un week-end sur deux) et donc une certaine qualité de vie. Je peux pratiquer mes loisirs, notamment faire du VTT, et partager du temps en famille. C’est un équilibre.

Pourquoi t’es-tu engagé à la Coordination Rurale de Moselle ?

J’ai connu la CR à la fin des années 2000, quand j’étais en stage chez un agriculteur de la région. Il n’était pas adhérent CR, mais j’avais assisté avec lui à des réunions d’agriculteurs et il m’avait donné le livre « Qu’est-ce que la CR ? ». Je n’ai jamais trop aimé être « dans le moule » : adhérer aux JA, devenir client du Crédit Agricole et de Groupama, etc. Et les idées de la CR me correspondent. J’ai donc rejoint le syndicat et je participe aux réunions départementales. Je me suis davantage intéressé aux questions qui concernent le lait : je veux faire ce qu’il faut pour cesser de travailler pour engraisser une grosse coopérative ou un industriel privé. Mon frère représente d’ailleurs le département au sein de l’OPL, la section laitière de la CR, et siège pour la CR à l’interprofession laitière régionale, le Criel Grand Est. J’ai participé à plusieurs manifestations depuis 2009, dont une m’a valu d’être « repéré » par la coopérative et m’a amené à devoir « m’expliquer » avec les administrateurs locaux sur la question de l’attribution de quotas complémentaires. Depuis, j’ai participé avec la coopérative à quelques sessions de travail sur la « Sodiaal box » destinée à venir en aide aux jeunes éleveurs laitiers. Mais je sens bien que mon positionnement va à l’encontre de l’avis général...

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