Cinquième étape du Tour de France. Au lendemain d'un sprint très mouvementé, les coureurs s'élanceront de Vittel (Vosges) en direction de la station de La Planche des belles filles (Haute-Saône). Non loin du départ, les jeunes du Gaec des Laurent seront à pied d'œuvre dans leurs champs et étables. A Haillainville (57), leur Gaec est représentatif de l’agriculture du département : une exploitation en polyculture élevage, 400 hectares dont 80 en blé, 50 en maïs, 30 en colza et 25 en orge d’hiver. Pour ce qui est de l’élevage, 130 vaches laitières, 1,1 millions de litres de lait sous contrat chez Lactalis et un atelier d’engraissement. Qui travaille au sein du Gaec ? Denis, le père, Thomas son fils, Cédric son neveu, et Matthieu, le second fils qui prendra la place de son père en 2018.

Comment organisez-vous le travail dans ce Gaec à trois associés ?

Nous avons réussi à créer une structure qui nous permet de rationaliser le travail et les coûts. Notre production nécessite beaucoup de bâtiments et beaucoup de matériel. Nous avons deux robots de traite, un bâtiment pour l’engraissement et la mécanique suffisante. Nous avons également investi sur la génétique du troupeau (embryons, croisements…) et nous débutons le croisement à trois voies. Nous avons, c’est certain, beaucoup de travail, mais en dehors des grosses périodes de travaux, nous finissons rarement après 18h30 – 19h. Sous peu, il y aura deux jeunes installés sur l’exploitation, aux parcours différents : Matthieu devait s’installer rapidement pour que le Gaec puisse récupérer des litrages complémentaires. Il n’a pas fait le parcours malgré un BTS obtenu en 2016. Pour Thomas, c’est différent : il est en BTS, et va faire une licence complémentaire en mécanique l’an prochain. Il a le temps de faire les démarches pour s’installer et devrait donc demander la DJA.

Envisagez-vous une augmentation de la production dans les prochaines années ?

Nous avons déjà augmenté notre production laitière avec l’installation de Matthieu, il y a peu. Thomas, actuellement en BTS, s’installera en 2018 et reprendra ma place d’associé. Il aura alors, comme tous les nouveaux installés chez Lactalis, une attribution de litrage supplémentaire. Il faudrait alors augmenter le cheptel, et certainement investir dans un troisième robot de traite. Allons-nous le faire ? Je ne sais pas, compte tenu des prix du lait, du passage en zone vulnérable… Aujourd’hui, il y a beaucoup d’arrêts de production, même chez les gros quotas, car cela ne paie plus.

Avec la conjoncture laitière, avez-vous pensé à arrêter la production ?

Nous avons une belle structure qui nous permet d’optimiser les coûts et d’être efficaces, mais malgré cela, nous avons eu un fort déficit en 2016. Avec un prix à 340 € comme le demande la FNSEA, nous tiendrons tout juste la tête hors de l’eau. Au sein du Gaec, nous parlons peu de la situation économique mais la réalité est que c’est difficile à vivre, d’autant plus que les mises aux normes et autres contrôles ajoutent encore de la pression. Tout le monde se pose la question : arrêter le lait, c’est moins de revenu, mais aussi beaucoup moins de travail !

Pourquoi vous êtes-vous engagé au sein de la Coordination Rurale ?

J’ai rejoint le syndicat sur un coup de tête, à l’occasion des élections chambre d’agriculture de 2007. J’y ai retrouvé les valeurs et les idées que j’attendais, et je me suis engagé petit à petit, jusqu’à me retrouver aujourd’hui représentant de la CR à la  chambre d’agriculture. Je parle peu de syndicalisme avec mes fils. Je n’essaie pas de les recruter ; je les laisse libres de faire leur choix. Plusieurs jeunes ont rejoint les rangs de la CR dans notre département, et je suis persuadé que c’est un choix qu’ils doivent faire seuls. Il y viendront, mais d’eux-mêmes !

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