Lors de la cérémonie d’inauguration du sapin de Noël de l’Élysée, Max Bauer, président de l’Uniphor, avait évoqué auprès du Président de la République la délicate question des impasses générées par la disparition des produits phytopharmaceutiques (PPP). De fait, il a été demandé au ministre de l’Agriculture d’étudier cette question.

Les interventions publiques ultérieures du chef de l’État, notamment lors du Salon International de l’Agriculture, ont confirmé sa position. La France ne pouvait s’entêter à faire disparaître aveuglement les PPP, sans alternatives fiables et en méconnaissant les distorsions de concurrence que les surtranspositions françaises génèrent. De son côté, le ministère de l’Agriculture a dit confier cette question aux interprofessions et aux instituts techniques des filières.

Début juin, lors d’une rencontre organisée par l’interprofession Val’hor, les présidents des familles de la production ont échangé avec un expert de l’Astredhor. Le but de la rencontre étant le plan d’action stratégique d’anticipation des retraits des substances actives en horticulture à rendre à la mission CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux).

L’expert expliqua comment l’horticulture devra apprendre à produire sans PPP, pour répondre aux attentes sociétales. Malheureusement, le travail effectué n’est pas terminé. Aucune des impasses techniques impactant les professionnels n’a été considérée, de fait, aucune méthode alternative n’a été véritablement proposée. Malgré cela, l’interprofession devait approuver, sans réserve, la mise en œuvre des prétendus travaux du plan d’action.

Pour résumer, on interdit de plus en plus rapidement un grand nombre de PPP. On évite de proposer des solutions alternatives pour ne pas être dans l’obligation de quantifier leur prétendue efficacité technique et économique. Mais on travaille très dur pour sauver les apparences.

La Coordination Rurale (CR) et l’Uniphor ont fait savoir publiquement qu’elles n’assumeraient pas cette mascarade. Non seulement la question des impasses n’était pas au cœur des travaux en cours, mais ces mêmes travaux étaient indiscernables.

Si vous nous trouvez trop sévères, laissez-nous vous narrer une histoire. Jadis, les rosiéristes français connaissaient de graves problèmes de ravageurs (araignée, thrips…). Bien évidemment, les PPP permettant de résoudre le problème avaient été rayés des listes. Devant l’impasse évidente, l’Astredhor proposa une méthode alternative, la PBI (protection biologique intégrée). Non seulement elle s’avère difficile à mettre en œuvre, mais elle est aussi excessivement coûteuse, donc inaccessible. Faute de solution, on est passé de 51 à 13 rosiéristes Varois sur la période 2013-2023 (soit une baisse de – 75%). Ce mauvais scénario touche aujourd’hui les gerberas, l’anémone… et peut-être demain la pivoine.

La CR et l’Uniphor ne cautionneront pas un jeu de dupes. Nous avons besoin de solutions réelles, efficaces et économiquement fiables. Nous sommes conscients de l’ampleur de la tâche à effectuer. Il est évident que les instituts techniques ne peuvent réussir ce pari en quelques mois avec si peu de moyens. Nous réaffirmons la nécessité de se pencher sérieusement sur le dossier de la substitution des PPP.

Il est impératif d’inverser l’ordre des priorités. C’est la diversité et le maintien des productions qui doivent être mis en avant. On ne peut envisager la substitution des PPP avec un temps très court pour la recherche et seulement des effets d’annonce. La mise en œuvre d’une quelconque alternative nécessite maintes recherches sur les ravageurs et les méthodes de lutte.

À défaut, les erreurs passées se reproduiront et aggraveront la disparition des horticulteurs.

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