Dans un décret paru le 29 décembre 2023, un délai pour réaliser le Conseil stratégique phytosanitaire (CSP) a été mis en place. Celui-ci est obligatoire pour renouveler le Certiphyto, mais face à une offre de conseillers trop faible et pour éviter que des agriculteurs se retrouvent en difficulté en bloquant les renouvellements de Certiphyto, le Gouvernement a pris cette décision-là. Même si cela est positif pour les agriculteurs, la Coordination Rurale (CR) s’oppose toujours à l’obligation du CSP.
Que dit le décret ?
Les agriculteurs qui n’auraient pas réussi à obtenir un rendez-vous de CSP préalablement à leur demande de renouvellement de Certiphyto recevront un certificat provisoire, d’une année au lieu de cinq. Cela sera possible jusqu’au 31 décembre 2027 pour les agriculteurs de la métropole et jusqu’au 31 décembre 2028 pour les agriculteurs de Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte, Guadeloupe et Saint-Martin. Avant la fin de validité de leur Certiphyto provisoire, ils devront fournir leur attestation de CSP pour pouvoir obtenir sa prolongation. Si ce n’est pas le cas, l’achat et l’utilisation de produits phytopharmaceutiques ne sera plus possible.
Les agriculteurs renouvelant leur Certiphyto en 2024 et en 2025 seront prioritaires pour solliciter le CSP et bénéficier du délai supplémentaire le cas échéant.
L’avis de la CR
La CR s’oppose fermement à l’obligation faite aux agriculteurs de se soumettre au CSP.
Les agriculteurs français sont des professionnels compétents, formés et détenteurs d’un Certiphyto garant de leur expertise dans l’utilisation des produits phytosanitaires.
Il semble donc disproportionné de conditionner le maintien de ce certificat à la participation à un CSP. Avec 90% d’agriculteurs qui n’ont pas passé le CSP, nous pouvons constater que l’immense majorité des agriculteurs s’opposent aussi au CSP.
Face à ces constats, la CR a formulé les recommandations suivantes :
- mise en place d’une plateforme numérique : création d’une plateforme informatique dédiée, qui servirait de vecteur d’information et de formation continue sur les produits de protection des plantes. Cette plateforme devrait inclure un système d’alerte efficace, directement adressé aux agriculteurs.
- financement équitable du CSP : si le CSP est une réponse aux attentes sociétales pour des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, son financement devrait être mutualisé et non exclusivement supporté par les agriculteurs, surtout si l’utilité du CSP est mise en doute. Par ailleurs, la CR demande qu’une fourchette de coût avec un prix maximum soit mise en place, afin d’éviter toute dérive.
- formation : le CSP est une formation jugée inutile, coûteuse et ridicule. La CR est prête à accepter que, sur ce même rythme, une formation soit suivie par tous les agriculteurs mais dans le domaine de leur choix, ce qui serait profitable à tous plutôt que d’être subie (tant par les agriculteurs que par les formateurs).
En parallèle, une nécessité d’harmonisation du CSP s’impose pour lui donner du sens et du fond, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui : une manne financière pour certains et une charge supplémentaire pour les agriculteurs.
Il est important que les prix soient plafonnés pour éviter les abus et que le financement soit revu, en redéfinissant l’utilisation de la RPD par exemple.
Il faut arrêter de légiférer à chaque fois que les écologistes montrent du doigt la façon de pratiquer des agriculteurs, leur but n’est que de déconstruire un modèle français que tout le monde envie.