C’est officiel ! Depuis le 1er janvier 2023, l’horticulture ornementale est exemptée de contractualisation obligatoire. Lors de la présentation du projet, la section Horticulture de la CR et l’UNIPHOR avaient mis en garde les syndicats de l’interprofession. Le projet porté par les autorités n’avait, pour une filière comme la nôtre, que peu d’avantages pour toujours plus de contraintes. De plus, il avait raviver certaines tensions entre les collèges de l’interprofession. Rappelons tout d’abord les raisons de notre opposition.

Le marché des plantes et fleurs n’est pas une ligne droite sur laquelle officie un nombre restreint d’opérateurs. Les modes de commercialisation et les clients des producteurs sont multiples et variés. On va de la vente directe à la fourniture de grandes quantités aux enseignes de la distribution. Les clients sont des fleuristes, grossistes, MIN, GMS, paysagistes… Cela génère des contrats différents dont les modalités peuvent être très éloignées les unes des autres. Rajouter un nombre incalculable de variétés de plantes (pour le seul Géranium les enseignes de jardinage en proposent entre 8 et 15) et vous obtenez un patchwork indescriptible qui aurait dû passer sous les fourches caudines d’un contrat unique et unifié.

Ensuite, les fleurs et plantes d’ornement sont des produits vivants, périssables. Non seulement elles peuvent vieillir, mais également périr faute de soins constants. Le cheminement jusqu’au client final est donc un risque qui est source de désaccord entre professionnels de la filière.

Enfin, rappelons que la production horticole doit faire face à des contraintes significatives, notamment en matière de lutte contre les ravageurs. L’aléa sanitaire est devenu un enjeu majeur. À cela, comme pour toute filière agricole, il faut rajouter l’aléa climatique. Le tout dans un contexte économique de libre concurrence qui fait la part belle aux pays européens et extra-européens qui bénéficient de contraintes de productions beaucoup plus faibles.

Voilà pourquoi la Coordination Rurale et l’UNIPHOR ont bataillé pour exonérer la filière d’un modèle de contractualisation élaboré pour des productions formatées tant sur les produits que sur la distribution. Cette loi n’avait pas été pensée pour nous et n’avait pas envisagée notre existence.

On passera sous silence la mise à plat des coûts de production. Pour une filière dont la distribution pratique des coefficients de 3 à 4 sur les prix des producteurs, faut-il réellement s’agiter le pur esprit pour savoir si une renoncule vaut x ou x+y centimes l’unité, lorsque n’importe quel quidam la paiera 4 fois plus cher chez son fleuriste ?

Tout semblait pourtant clair et la publication de l’exonération de la filière au Journal officiel (JO) aurait dû marquer la fin de notre combat. Que nenni ! Récemment le syndicat Verdir (ex FNPHP), filiale de la FNSEA, a remis le métier sur l’ouvrage et souhaite promouvoir par le biais de l’interprofession un modèle de contrat obligatoire. Si le projet est plus spécifique à la filière, les grands problèmes ne sont pas réglés ; notamment celui des contrats sans continuité dans le temps et pour des quantités aléatoires (le cas typique des relations avec les paysagistes). Idem pour les questions relatives aux prix proposés aux producteurs.

La difficulté de la contractualisation en horticulture est inhérente à l’extrême diversité des situations présentent dans la filière. Changer les modalités ne changera pas le fond, sauf si ce contrat a été pensé pour une poignée de grandes entreprises du secteur. La Coordination Rurale et l’UNIPHOR ne remplaceront pas un « moins bien » par un « pas mieux ».

Le préalable à ce type de démarche aurait été de se pencher sur la juste rémunération des producteurs de la filière.

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