L’extension géographique de la maladie est telle qu’il est pratiquement impossible de faire un état des lieux exhaustif. À ce jour, quatre départements sont concernés : les Landes (majorité des foyers), le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques. Faut-il abattre ou laisser faire ? Le ministre semble avoir fait son choix en accélérant les abattages préventifs dans une zone de 5 km autour des foyers (3 km initialement) et en étendant la zone de surveillance à 20 km. Pour autant, est-ce suffisant ? Difficile de répondre, tant la maladie semble incontrôlée et incontrôlable. Le ministre a suivi l’avis de l’ANSES qui se fonde, en plus des facteurs de propagation, sur les capacités logistiques de la mise en œuvre des abattages préventifs. La plateforme fixe fonctionne désormais en 2 x 8 et 3 nouveaux abattoirs ont été réquisitionnés, soit 5 au total.

La majorité des élevages en abattage préventif se révèle être positive après analyse. Cela laisse à penser que l’on n’abat pas pour rien, mais d’un autre côté, cela signifie que la zone ne cesse de s’agrandir. C’est pour cela que les interprofessions ANVOL et CIFOG envisagent d’accélérer encore les abattages préventifs. Mais est-ce faisable ?

Pour la CR, cette situation catastrophique pour de nombreux éleveurs révèle qu’aucun enseignement n’a été tiré des épisodes précédents, ou du moins pas les meilleurs. À l’époque, la CR avait proposé une véritable territorialisation de la production, i.e. gaver à proximité des lieux d’élevage, abattre à proximité des lieux de gavage, pour limiter au maximum les transports d’animaux. Mais cela ne plaît guère aux groupements qui veulent organiser la production à leur guise. C’est la voie de la biosécurité qui a été privilégiée en imposant notamment des capacités de claustration de tous les animaux (sauf dérogation). Outre le fait d’imposer des investissements conséquents aux producteurs, cela a eu l’effet pervers d’engendrer une augmentation des bâtiments et dans de nombreux cas une augmentation de la production pour diluer les nouvelles charges.

La dérogation à la claustration accordée sous condition, aux élevages de moins de 3200 palmipèdes semble avoir du plomb dans l’aile. Elle est souvent mise en accusation pour expliquer la propagation de la maladie. Pour autant, aucune donnée sur la typologie des élevages foyers n’a été diffusée à ce jour.

Face à toutes ces incertitudes, la CR maintient son soutien aux abattages préventifs, car dans l’urgence, aucune autre mesure ne semble apporter de chances similaires d’endiguer la maladie. Il serait bon de pouvoir valoriser les palmipèdes et autres volailles qui peuvent encore l’être, mais dispose-t-on des capacités pour le faire ? De plus, qu’est-ce que cela représente face au nombre d’animaux abattus ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?

La CR pointe dans les méthodes d’abattage préventif, le déplacement des animaux, car tout transport est un risque. Même si les conditions de réalisation semblent s’être améliorées par rapport à l’épisode précédent, elle déplore que la filière ne se soit pas dotée de moyens d’abattage/euthanasie directement dans les fermes. Cela serait particulièrement intéressant dans les zones ne disposant pas d’abattoir.

Autre piste pour éviter une nouvelle flambée : la vaccination. Bien que ce mot soit sur toutes les lèvres en ce moment mais pour d’autres raisons, cette possibilité reste taboue pour la filière volaille. Cependant, face aux propositions de nos représentants, lors de ses déplacements dans les Landes et dans le Gers, le ministre ne l’a pas totalement exclu. Pourquoi est-ce tabou ? Car on souhaite sauvegarder la sacro-sainte vocation exportatrice qui serait remise en cause par la perte du statut indemne en cas de vaccination. Faut-il rappeler que la France est déficitaire en viande de volaille : -61600tec en 2019 (source FAM) et que nos exportations ne cessent de se réduire (-9,7% en 2019). La CR demande que la vaccination soit envisagée de manière pragmatique tant sur des aspects sanitaires qu’économiques et sollicite pour cela l’avis de l’ANSES et des instituts techniques. Avec la territorialisation des palmipèdes gras, il s’agit certainement de la seule solution pour maintenir un élevage en extérieur.

Dans le cadre des abattages préventifs, le dispositif d’indemnisation a été mis en place. La CR demande qu’il inclue l’ensemble des pertes indirectes et notamment l’arrêt d’activité jusqu’à la sortie de la période de crise.

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