C'est dans la Manche, près du Mont Saint-Michel, que Yannick Bodin s'occupe de son exploitation où il produit porcs, lait et céréales. Fils d'agriculteur, Yannick est très vite tombé amoureux de ce métier. Après un BTA élevage et cultures fourragères, il se lance et devient agriculteur à son tour à 21 ans, en 1997.

La passion plus forte que les difficultés

A ses débuts, Yannick s'est retrouvé face au mur : l'exploitation familiale est jugée trop petite et non viable par les banques. Elles refusent de financer le projet. Par ailleurs, Yannick doit subir les fortes pressions des agriculteurs plus âgés en matière de foncier. Il y a peu, voire pas de place pour les jeunes. Peu importe, Yannick ne se laisse pas faire. Il franchit une par une toutes les barrières qu'on lui impose et réussit, avec l'aide de ses parents, à faire vivre son exploitation. Depuis, Yannick a fait évoluer son exploitation : agrandissement, adaptation des bâtiments, embauche d'un salarié en 2011... Aujourd'hui, il travaille en couple avec un salarié sur l'exploitation et la participation de l'agriculteur de la société laitière. L'objectif maintenant, c'est de stabiliser l'exploitation en taille et en capacité financière.

Le syndicalisme pour défendre des valeurs

En 2009, Yannick s'engage à l'APLI. Fin 2011, il devient président de la CR50. S'il a choisi la CR, explique-t-il, « c'est parce qu'elle incarne le mieux, via l'OPL, la compréhension des problèmes du lait ». A la CR, Yannick retrouve bon nombre de ses convictions. Pour concilier travail et activité syndicale, Yannick a appris à travailler différemment : il se repose davantage sur ceux qui travaillent dans l'exploitation, il anticipe les travaux par rapport aux réunions et actions syndicales et le salarié mi-temps est passé à plein temps. Le syndicalisme est important pour Yannick. Il y trouve une écoute pour défendre ses idées et apprécie le travail en groupe au service d'un projet commun. L'équité et la cohésion sociale qu'il retrouve à la CR sont des valeurs qui lui sont chères. Le syndicalisme sert également de porte-voix et permet d'oser dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Croire à un avenir meilleur

Si la perte de liberté économique et de parole et l'individualisme agricole inquiètent Yannick, il a davantage d'espoirs que de craintes pour l'avenir. Il croit, si l'on s'en donne les moyens, au retour du bon sens paysan, au pluralisme syndical agricole, à la mise en place de prix déterminés par les coûts de production et à l'exception agriculturelle. « Si les agriculteurs ont conscience que leur action peut faire bouger les choses, nous pouvons, ensemble, sauver l'agriculture et maintenir le tissus rural. » «  Compte tenu de la demande mondiale, la France a un énorme potentiel agricole qui pourrait lui permettre de maintenir un agriculture forte. La condition préalable, c'est de réorienter la PAC ».

Yannick n'est pas fataliste, il croit en l'avenir et souhaite faire changer les choses, même si au XVIIIème siècle, Voltaire disait déjà : « On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. »

 

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