En l’espace d’un demi-siècle, la part alimentaire dans le budget des ménages a diminué des 2/3.

Dans le même temps, le nombre d’agriculteurs s’est réduit d’autant ! Ces évolutions ont été permises par les progrès de l’agronomie, de la génétique, de la mécanisation et l’utilisation de la chimie pour la fertilisation et la protection des plantes et des animaux.

Mais l’opinion publique ne se satisfait pas de cet état de choses, et l’abondance des denrées alimentaires, contrôlées à tous les stades de leur élaboration, ne lui suffit plus. Malgré des limites résiduelles des produits de traitement infinitésimales et draconiennes, l’opinion entend maintenant interdire tout produit, même homologué, pour la protection des plantes et des animaux.

Il est tout de même curieux que le Fipronil, utilisé pour débarrasser les poules pondeuses des parasites, ait suscité un tel tollé pour les traces infimes retrouvées dans les ovoproduits, alors que ce même produit, appliqué sur la colonne vertébrale des chats et chiens de compagnie, est directement en contact avec les mains et la bouche des enfants. Mais là, pas un mot des médias alors que les agriculteurs, par des sous-entendus implicites, sont accusés de pollueurs et d’empoisonneurs.

Les produits phytosanitaires qu’ils utilisent sont également accusés de favoriser les cancers, mais le rapport AGRICAN (1) apporte la preuve que les agriculteurs, plus exposés que le reste de la population aux « pesticides » – comme se plaisent à les nommer les accusateurs bien-pensants – sont moins atteints de cancers que la cohorte témoin de la population. Ce rapport est d’ailleurs occulté par les médias, ou dénigré lorsqu’ils sont poussés dans leurs retranchements.

Ainsi, pour tenter de limiter l’usage des phytos, les voisins, qui ont implanté leurs résidences au milieu des champs des agriculteurs, exigent maintenant que ces derniers respectent des distances de retrait dans l’exploitation de leurs terres pour limiter une contamination hypothétique.

Alors qu’il est officiellement reconnu qu’en 2016, la moitié des agriculteurs ont eu un revenu mensuel inférieur à 354 €, il est occulté que 71 % des exploitants estiment travailler plus de 50 h par semaine (2).

Ainsi, l’opinion publique voudrait obliger les agriculteurs à renoncer à tout « pesticide », qu’il soit chimique ou bio, car la bio doit aussi protéger ses productions, mais ne veut pas prendre en compte les conséquences agronomiques, économiques et sociales de son exigence inconsidérée.

Cette exigence met directement en cause la survie de l’agriculture Française, qui déjà doit faire face à une concurrence de produits importés n’ayant pas à supporter les contraintes sociales et environnementales qui sont imposées chez nous. Cela compromet gravement l’indépendance alimentaire de notre pays, et aussi la garantie sanitaire de notre alimentation car la France n’a aucun pouvoir sur la définition des normes hors de ses frontières et les accords sur le commerce international lui interdisent tout protectionnisme.

On en vient à se demander si nos dirigeants, pour satisfaire une opinion égoïste et de courte vue, n’ont pas comme objectif de faire de la campagne française un espace de loisirs pour citadins, plutôt que de protéger une agriculture nourricière qui entretient à bon compte les paysages ?

Armand Parquereau

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