A 40 ans, Véronique Le Floc’h est à la tête d’une exploitation de viande bovine (30 mères Limousines) et de vaches laitières (633 000 l) située à Elliant dans le Finistère Sud.

Un retour aux sources nécessaire

Fin 2007, Véronique décide de franchir le pas et devient agricultrice. Véronique n’était pourtant pas prédestinée à se retrouver à la tête d’une exploitation. Après avoir obtenu son Bac général, elle a suivi une formation d’ingénieur en Agriculture puis un Master de Sciences en Economie Rurale au Québec.

Véronique a repris une exploitation voisine, laquelle est venue agrandir celle de son conjoint.
Son installation s’est déroulée sans encombre, cependant, les premières difficultés se sont rapidement manifestées : reprise du foncier, attribution de la DJA (certains doutaient de l’effectivité de son installation) et attribution de lait complémentaire (son dossier avait été instruit de façon à ce qu’elle ne fasse pas partie de la liste des bénéficiaires).

Savoir rebondir…

Une fois les deux premières limousines achetées, plus quelques embryons posés sur des génisses laitières, au moment de vendre les produits élevés, la crise de la vache folle est arrivée. La situation financière de l’exploitation ne lui permettait pas de vendre à perte, c’est tout naturellement que Véronique s’est orientée vers la vente directe.
« Quand les cours de la viande étaient bas, l’intérêt était évident, et il est clair que sans cette activité nous n’aurions pas un tel outil de travail aujourd’hui ». « Attention, se faire une clientèle demande beaucoup de temps, aujourd’hui on en a trop, les clients sont très proches et veulent qu’on soit à leur écoute. Le risque est de finir par s’oublier et oublier les siens… ».

Un engagement syndical viscéral

Depuis la grève du lait de 2009, Véronique soutient la CR dans ses combats : « Enfin, un syndicat qui ne cache pas la vérité ! »
Ce n’est pas toujours évident avec trois enfants de 3, 7 et 11 ans et un mari qui n’est pas toujours d’accord, mais il sait que c’est nécessaire !
Véronique considère qu’il s’agit avant tout du devoir de se défendre. Elle souligne qu’elle a la chance de pouvoir compter sur une bonne équipe dans le Finistère, cependant, elle est exaspérée de constater que trop d’agriculteurs baissent les bras.
« Il est dommage que beaucoup trop d’agriculteurs préfèrent encore nier la réalité car la solution ne viendra pas du système.»

Un combat à mener de front

« Le modèle de demain est loin d'être unique. Les exploitations déjà amorties ont une certaine capacité de résistance mais leurs capacités de développement sont moins évidentes sans prix. Les grosses, voire très grosses structures, n'ont quant à elles pas encore prouvé leur rentabilité. Le problème reste le même quelle que soit la taille de l’exploitation : nous avons besoin d'un prix rémunérateur pour nos produits. Croire que le revenu pourra se faire grâce à la diversification (énergie renouvelable, circuits courts,...) est une utopie. Chaque activité doit être rentable par elle-même ! »

« Il n’est pas normal qu’un jeune s’installe dans une branche, qui n’est pas forcément la sienne, alors qu’à côté deux ou trois autres individus arrêtent leur activité, sont licenciés ou partent en retraite ! En plus de transmettre un savoir-faire à nos jeunes, il faut leur transmettre une certaine motivation. Cela ne passe que par un retour à la rentabilité dans la pérennité ».

C’est là tout le combat de la CR et de l'OPL !
 

Suite logique d'un engagement sincère et complet, Véronique vient d'être élue présidente de l'OPL, section lait de la Coordination Rurale. Elle succède à Daniel Condat, qui s'est investi avec passion pendant de nombreuses années. « Je prends ce rôle très au sérieux et m'engage à prolonger au mieux le travail formidable qu'a fait Daniel pendant toutes ces années. Je sais que pour cela, je pourrai m'appuyer sur une équipe dynamique et motivée ! »

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