La réplique de l’Hermione, une frégate de 26 canons, a quitté nos rivages du Poitou – Charentes le 18 avril dernier. En mars 1780, ce navire avait conduit aux Amériques le marquis de La Fayette qui allait soutenir les insurgés du nouveau monde contre le royaume d’Angleterre.
En 2015, des milliers de personnes se sont pressées pour assister au départ du voilier. Comment expliquer cet engouement ? Au moins deux raisons. La réalisation du trois mats est un chef d’œuvre, et surtout nous touchons ici les racines de notre histoire. Après tant de dénigrement de notre passé, de repentance, cet événement réchauffe le cœur. Enfin, nous retrouvons un peu de fierté…



Avant le départ, il y a eu la cérémonie de remise du message du gouvernement français et le Président de la République a « remis officiellement au commandant du navire un rouleau contenant un fac-similé de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, afin qu’il le rapporte sur l’Hermione ».



La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 contient 17 articles.
Agriculteur, j’en retiens entre autres, l’article XVII qui nous indique que « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique légalement constatée l’exige évidemment et sous la condition d’une juste et préalable indemnité ».
Pourquoi cet article ? Parce que dans les « métiers de la terre », nous sommes confrontés à de nombreux obstacles : à la CDOA pour le droit de louer librement des terres et le droit de les cultiver, à la CDCEA pour le droit de construire bâtiments ou maison d’habitation à la campagne, à la SAFER pour le droit de vendre librement ses terres et le droit de les acheter, à la DDT pour entretenir et conserver le calibrage initial d’un fossé et autres…



Il n’est pas question, ici, de remettre en cause la nécessité de l’intérêt général ou ni de contrecarrer les excès mais de dénoncer des dérives qui sans cesse réduisent les libertés individuelles sans contrepartie, notamment celle trop souvent dédaignée qui est prévue dans l’article XVII sus-cité.



L’article XVII permet de donner la priorité à la nécessité publique avec une réparation qui assure un équilibre et l’acceptation par le citoyen. En oubliant ou refusant par commodité ou par idéologie une partie de l’article XVII, des décideurs, qui se présentent comme grands défenseurs de l’intérêt général bafouent un principe universel qui conduit à la spoliation et à toutes ses conséquences.



C’est très beau, d’acheminer un parchemin porteur des idées révolutionnaires de 1789 au travers des océans, il est par contre fâcheux que des principes de la Déclaration de 1789 soient ignorés de plus en plus par nos gouvernements et nos administrations qui substituent très facilement leur confort de jugements et d’interprétation aux exigences des textes universels dont ils devraient être les porteurs et les garants.



Jean-René Gouron



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