A 56 ans, Paul Fritsch est agriculteur sur la commune de Meistratzheim dans le Bas-Rhin. En plus de son exploitation en polyculture et son entreprise de travaux agricoles, Paul fait preuve d'un engagement syndical dévoué au sein de la Coordination Rurale.
Une histoire de famille
Installé en GAEC avec son père en 1978, l'exploitation devient une EARL en 1989. Paul crée l'ETA en 1990 pour rentabiliser les machines suite à l'arrêt progressif de la culture du tabac et de l'élevage de bovins viande.
Son exploitation de 130 ha est actuellement consacrée à la polyculture (60 ha de maïs, 3 ha de pommes de terre, 20 ha de céréales à paille, 10 ha de luzerne et des prairies permanentes). Paul emploie 1 salarié sur l'EARL et 3 sur l'ETA.
Il a deux fils qui prendront la relève à sa retraite...
Une prise de conscience rapide
Pour Paul, le syndicalisme est un engagement depuis ses débuts ! Intégré très tôt à l'école des cadres des JA, puis adhérent FDSEA, il a suivi ses collègues pour défendre la filière coûte que coûte ! « Lorsqu'on a la tête dans le guidon, on ne comprend pas que la FDSEA travaille de concert avec ses copains de l'agroalimentaire » explique-t-il. Heureusement, il a su relever la tête, intégrant la CR 67 dès sa création en 2006.
« Il y a de la place pour tout le monde en agriculture ! Cette politique qui consiste à éliminer les uns pour faire grandir les autres n'est pas supportable ! »
Paul se souvient du discours de l'époque : « Pourvu que la filière puisse vivre ! » qu'ils disaient... au détriment des agriculteurs. Les coopératives et les mutuelles, initialement créées par les agriculteurs, s'engageaient à plein régime dans ce système. Aujourd'hui les paysans n'en ont plus la maîtrise ni le bénéfice.
L'engagement de Paul se renforce en 2011 lorsqu'il prend la présidence de la Coordination Rurale du Bas-Rhin. En 2013, les adhérents lui confient la présidence de la CR Alsace et il est élu au Comité directeur national.
« Au travers de mon engagement à la CR, je veux redonner des perspectives et de l'espoir aux jeunes, de la dignité aux anciens qui n'ont que 600€ de retraite et des prix rémunérateurs à tous les agriculteurs. »
L'agriculteur au centre des négociations
Depuis ses débuts, de nombreuses actions ont été menées : pour la défense des prix équitables du lait avec les éleveurs allemands du BDM, pour les pommes de terre et les drêches de brasserie. On compte aussi la mise en exergue des cotisations syndicales prélevées par les Organismes Stockeurs et les indemnisations pour les dégâts de sangliers.
Mais il reste encore un objectif majeur : le pluralisme syndical. « On peut y arriver à condition de s'imposer. La FDSEA s'assimile trop souvent à « la Profession », qu'elle représente certes, mais en partie ! Obtenir des places n'est pas chose facile, mais il est plus que nécessaire de faire entendre une autre vision de l'Agriculture, dont le centre serait l'agriculteur.
Il faut bousculer l'ordre établi par « le club des 4 » dans le département ! Ces personnes dirigent l'agriculture bas-rhinoise depuis des décennies, parfois de père en fils... »
Ses convictions
« L'agriculture est à un tournant décisif ! On tord le coup des agriculteurs pour les déposséder du foncier, pour se l'accaparer ! Il est vital que la production et le foncier restent entre les mains des agriculteurs, pour ne pas qu'ils deviennent seulement la main d’œuvre au service des lobbies financiers ! »
« La Coordination Rurale est là pour ouvrir les yeux des agriculteurs, pour que comme moi, ils puissent se reprendre en main, réfléchir et décider par eux-mêmes ! »
