Voilà tout juste 10 ans que Jérôme Roussel, 37 ans, est agriculteur. 10 ans qu'il se lève chaque matin pour travailler dans sa ferme de Labastide-Dénat, dans le Tarn. 10 ans qu'il produit du lait, et 10 ans qu'il se passionne pour l'élevage des Holstein... Passionné, il l'est ; naïf, il l'est moins. Et c'est avec un œil critique qu'il regarde nos gouvernants prendre des décisions incohérentes en matière d'agriculture.


Une vocation qui s'est imposée petit à petit


Fils d'agriculteur, Jérôme mûrit son désir de le devenir lui-même . Après un bac S et un BTS ACSE, Jérôme effectue plusieurs stages, aux 4 coins de la France et au Canada, et c'est là que la magie opère ! Il découvre qu'il est fait pour être éleveur et acquiert par la même occasion de l'expérience et les connaissances techniques nécessaires à la profession. Grâce au savoir-faire partagé par ses maîtres de stage, Jérôme est devenu indépendant, et c'est ce qu'il aime dans son métier.
Jérôme s'installe donc, en octobre 2003, sur l'exploitation de son père. Tout est prêt : son père avait déjà effectué les grosses transformations nécessaires (lac, stabulation, salle de traite...). « J'ai seulement eu besoin d'optimiser l'existant ! »


Des incertitudes douloureuses


La passion est forte, certes, mais Jérôme ne peut s'empêcher d'être inquiet. « Beaucoup de mes collègues et amis ont arrêté la production de lait. Pourtant, certains étaient de vrais passionnés et de très bons éleveurs ! » Jérôme l'avoue, il a beaucoup d'incertitudes pour l'avenir. « Pour l'instant, j'attends de voir.  Je sais, ce n'est pas une réponse d'entrepreneur... ». Le problème, explique-t-il, c'est « l'absurdité du système qui nous a conduit dans le mur. Le mode de constitution du prix du lait proposé par l'interprofession n'est plus adapté au monde d'aujourd'hui. Les producteurs sont en concurrence avec les uns, les autres et ils ne peuvent pas se faire entendre. »


Engagé, pas résigné !


Conscient, mais pas résigné, Jérôme s'engage en 2009 lors de la grève du lait, autour de l'APLI. Il poursuit son engagement syndical dans les rangs de la CR81. « La CR, explique Jérôme, c'est un contre-pouvoir professionnel qui met en avant les ambitions des agriculteurs en tenant compte de leurs problèmes concrets ».
Opposé au système tentaculaire de la FNSEA qui défend la contractualisation forcée, il dit « non » à  la loi du moins-disant qui met en concurrence tous les producteurs. « On nous impose des règles injustes, inefficaces et contraignantes pour être plus compétitifs sur le marché international. Mais qui veut vendre sur le marché international ? Eux ou nous ? ».
Pour Jérôme, la solution à la crise est la régulation de la production et une gestion européenne, avec des règles et des prix équivalents dans chaque pays.

Attaché à son indépendance, Jérôme refuse de se laisser faire et de baisser les bras, alors il essaie de défendre son métier. « Si on ne s'occupe pas de notre profession, c'est notre profession qui s'occupe de nous ! »

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