Les pesticides ne peuvent être les meilleurs amis de la nature, mais de là à dire qu’en condition normale d’utilisation, ils tuent les abeilles, il y a un pas que je me garderais bien de franchir !

Je possède 550 ruches, la plupart installées dans une zone de plaine où les champs sont grands comme des « aérodromes ».

En 28 ans, j’ai produit plus de 600 tonnes de miel et mes mortalités annuelles, durant cette période n’ont pas progressé très fortement. Elles sont restées, sauf exceptions, de l’ordre de ce qu’elles étaient du temps de mon prédécesseur, ancien président de l’unaf, autour de 10 %. Certains de mes ruchers sédentaires, n’ont jamais connu d’hécatombe durant toute cette période et par endroit, loin de toute vallée, j’atteins, même des records de faibles mortalités.

Selon une enquête nationale sur les mortalités de l’hiver 2009-2010, réalisée par le Syndicat National des Apiculteurs et publiée dans l’Abeille de France de Mai 2010, la région Champagne-Ardennes, région de cultures intensives s’il en est, n’offre qu’un taux de mortalité hivernale de 4 %, ce qui est exceptionnellement bas, un record,  alors que l’Auvergne et le Jura, région où la biodiversité est relativement préservée, affichent chacun, des taux nettement plus élevés de 40 %.

En fait, il semblerait, selon ces sources, que les mortalités se distribuent en fonction des précédents, suivent les courbes de niveau, les gradients thermiques, etc. Une étude américaine récente, indique que les 18 virus des abeilles pourraient être les agents de l’effondrement des colonies.

En aucun cas, on ne peut en  conclure (*) et encore moins dire qu’il y a plus de mortalités hivernales d’abeille dans les zones de grandes cultures comme le répète en boucle, un discours environnementaliste. Quand à envisager un transfert de pollution d’une région à une autre par un hypothétique « nuage toxique » qui se formerait, après la moisson, au moment du déchaumage, dans des régions comme la Beauce, c’est une théorie que je n’oserais avancer sérieusement.

Par ailleurs, nous apprenons que l’UNAF, dans le cadre de son programme « Abeille sentinelle de l’environnement », et au nom de la « sauvegarde de l’abeille », a demandé en Octobre  2010,  64 000 € à la région Aquitaine, pour installer 8 ruches sur les toits du Conseil Régional, soit 8 OOO € par ruche ! (*) Pas étonnant que le miel soit meilleur à la ville qu’à la campagne…

(*) Eric Haubruge, de l’université de Liège, responsable de l’’unité d’entomologie fonctionnelle et évolutive, dans une étude de 2008 : « les abeilles ont le bourdon », n’observe, en Belgique, aucune relation négative entre la surmortalité d’abeille et la proximité d’une zone de grande culture. (*) Prix moyen d’une ruche, autour de 140-150 €.

Jean Luc Ferté Apiculteur
Ruche

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