Aujourd’hui le nouveau cas de FCO me replonge dans ces mois de galères qui ont rythmé l’année 2008 et qui ont laissé un goût amer à beaucoup d’éleveurs, dont moi.
Aujourd’hui la galère est plus que jamais omniprésente dans notre quotidien. La crise, la sécheresse, le décalage de paiement des primes et aujourd’hui le retour de cette fichue maladie.

 

En 2008, comme beaucoup, je me suis plié aux règles de la vaccination massive qui nous a été imposée. Comme beaucoup, j’ai dépensé de l’argent pour procéder à cette campagne de vaccination qui a retardé mes ventes, augmenté mes dépenses en alimentation et généré des problèmes d’avortement sur plusieurs de mes bêtes. Avec le recul, la campagne de vaccination n’a pas été efficace, a eu de nombreux effets secondaires et ne m’a pas permis de mieux m’en sortir que ceux qui avaient refusé de faire vacciner leur cheptel de souche.

 

J’ai fait confiance aux personnes qui présentaient la vaccination comme LA solution pour éradiquer la maladie. Mais avec le recul j’ai l’impression de m’être fait avoir et plusieurs questions me viennent en tête :

  • Pourquoi nous avoir obligé à acheter deux vaccins (sérotypes 1 et 8) pour nos bovins alors que « le sérotype 1 n’est actif que sur les ovins », comme me l’a indiqué le vétérinaire qui était venu vacciner mes bêtes.
  • Pourquoi nous imposer tant de contraintes alors que cette maladie ne se transmet pas de bête à bête, qu’elle ne se transmet pas à l’homme et qu’elle est bien moins grave que d’autres maladies laissées de côté.

 

J’ai le sentiment d’être pris en otage par des décideurs politiques qui sont à côté de la plaque, qui ne comprennent pas notre métier. Ce métier qui nous anime mais ce métier qui nous accapare 365 jours par an et qui ne nous permet plus de vivre.

 

J’ai l’impression d’être pris pour un âne ! Et justement, connaissez-vous l'histoire de cet âne courageux, pas têtu pour un sou qui effectuait les tâches de son maître sans jamais rechigner ; celui-ci se dit qu’il pourrait peut-être alourdir son fardeau : ce serait autant de gagné. Il le fit donc une première fois, puis une seconde. L’âne courageux ne manifesta aucun signe de faiblesse.
Quelques temps plus tard, il calcula que sa nourriture lui coûtait chère, il décida donc de diminuer la ration. Le brave animal toujours aussi impassible continua son labeur sans aucun geste de désapprobation. Son maître, toujours aussi cupide, décida de serrer les repas.
Que croyez-vous qu'il advint ? Un beau matin le baudet était passé de vie à trépas, laissant là son maître dans l'embarras. Ça ne vous rappelle pas quelqu'un ?
Je crois que les éleveurs ressemblent de plus en plus à ce pauvre animal : ne finissons pas comme lui !!

 

Je ne sais pas quelles mesures seront adoptées cette fois-ci mais si une nouvelle campagne de vaccination est imposée sur les cheptels souche je refuserai de l’appliquer à mon troupeau.

 

Je ne veux plus me laisser dicter les choses par des personnes à mille lieux d’imaginer la réalité de mon métier !

 

Je veux vivre de mon travail et je n’ai pas de nouveau 5 000 € à perdre pour une campagne de vaccination qui aura les mêmes effets que la première, pour lutter contre une maladie qui se manifestera de nouveau dans quelques années. Apparemment, la faune sauvage constituerait un réservoir pour la FCO. Dans ces conditions, comment nous garantir que la maladie sera totalement éradiquée grâce au vaccin ?

 

Je refuse de me laisser charger comme une mule par toutes ces réglementations inefficaces et coûteuses. Je refuse d’être de nouveau acteur de cette mascarade !

 

Jean François MICHON, adhérent CR19


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