A 40 ans, Christel Carpentier est agricultrice en Haute-Garonne, à Saint-Lys. Céréalière, elle produit colza, blés dur et tendre, orge, maïs et soja alimentaire. Elle a été élue présidente de la CR31 lors de la dernière Assemblée Générale : une mission qu'elle prend à cœur pour défendre un métier qui l'anime.
Christel est une femme proche de la nature et libre : 2 traits de caractères qui la prédestinaient à l'agriculture.



Une vie rythmée par les lois de la nature

Dès son enfance, Christel a côtoyé de près le milieu agricole. « Je passais mes vacances à la ferme, chez ma tante ou chez ma grand-mère. Mon temps était partagé entre la récolte du fourrage et de la paille et le nourrissage des animaux. » Plus tard, Christel s'est mariée avec un agriculteur. Pendant 9 ans elle l'assiste dans son travail. Il y a 3 ans, elle s'installe finalement comme agricultrice avec lui. Ce qu'elle aime dans ce métier, c'est qu'il faut se renouveler sans cesse et se confronter aux changements perpétuels de la nature. « Chaque année, il faut relever de nouveaux défis, s'adapter au climat. Voir une graine se transformer en plante pour donner une multitude de graines, prendre soin du sol et de mes plantes comme s'ils étaient mes enfants, c'est ça qui donne du sens à mon travail. »



La liberté : un combat quotidien

Éprise de liberté, c'est le besoin d'autonomie qui a poussé Christel vers l'agriculture. Hélas, elle reconnaît que le carcan administratif est bien souvent lourd à porter. Lors de son installation, le plus difficile pour elle a été de gérer toute la « paperasserie » et de trouver du foncier.
Au quotidien, Christel déplore les aspects de son travail qui l'éloignent de la terre. « Aujourd'hui, pour être agriculteur, il ne suffit plus d'être un bon agronome. Pour s'en sortir, il faut désormais être trader ! »
Femme dans un milieu très masculin, Christel a fait de sa différence une force. « Pour être libre, je dois être indépendante, et même si je peux me reposer sur mon mari, je m'attache à être autonome. Du coup, je me dis souvent « quand tu n'as pas la force du lion, utilise la ruse du renard » et ça m'aide vraiment au quotidien ! » Si Christel reconnaît ne pas avoir la force de son mari pour réaliser certaines tâches manuelles, elle ne s'estime pas lésée pour autant : « chaque problème a sa solution ! » dit-elle en souriant.



Agricultrice : un métier empreint de modernité

L'exploitation de Christel et son mari est à leur image : indépendante, respectueuse de l'environnement et résolument moderne. « Même si ce n'est pas facile tous les jours, on s'attache à avancer et faire progresser notre exploitation. Si l'occasion se présente, on aimerait bien s'agrandir un peu ». En attendant, ils ont déjà mené à bien un projet de photovoltaïque. « On a investi dans un hangar pour faire du stockage avec des panneaux solaires. Je trouve dommage de ne pas profiter de l'ensoleillement du sud-ouest ; et puis en produisant notre énergie, on fait un pied-de-nez aux businessmen qui voudraient avoir les pleins pouvoirs sur l'énergie ! » Ce projet, qui a nécessité patience et détermination, devrait permettre d'apporter, dans quelques années, un revenu supplémentaire bien nécessaire à l'exploitation.



Réhabiliter les agriculteurs dans leur dignité

Et quand on parle de revenu justement, on sent bien que Christel est remontée ! « En France, explique-t-elle, on cultive des produits de très haute qualité. Cela devrait se traduire par des prix supérieurs aux cours mondiaux. Avec la réglementation à laquelle nous nous plions, je crois vraiment que nous, agriculteurs, proposons des produits de luxe ! Pourquoi alors les prix ne suivent pas ? »
Pour autant, Christel n'est pas désabusée. Elle a décidé d'être actrice plutôt que de subir. C'est dans cette optique qu'elle a commencé à s'investir à la Coordination Rurale. « J'ai du mal à supporter les injustices sans rien dire ! La Coordination Rurale est un bon porte-voix pour faire entendre au sommet de l’État ce que mes collègues et moi pensons. » Engagée à la CR depuis les dernières élections aux Chambres d'agriculture (janvier 2013), Christel admet que le syndicalisme nécessite temps et énergie. « C'est sûr qu'il faut consacrer du temps, et bien s'organiser... » Mais le jeu en vaut la chandelle, et Christel est convaincue que ces quelques sacrifices ne sont pas vains : « je veux que les agriculteurs puissent vivre dignement de leur métier, sans être constamment incriminés de tous les maux de la terre ». Si le métier d'agriculteur est difficile, il est néanmoins très noble, car il permet à chacun de manger à sa faim. En ce sens, ceux qui l'exercent méritent respect et dignité. C'est ce que Christel s'évertue à défendre au quotidien !



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