« Je ne suis pas fils d’agriculteur mais j’ai contracté le virus de l’élevage auprès de mes grands-pères, tous deux producteurs de limousines, et de mon père, enseignant au CFPPA de Saint Yrieix. C’est donc par choix qu’en 2001 je reprends l'exploitation de mes grands-parents et deviens naisseur-engraisseur en race Limousine à Saint Yrieix la Perche, dans le sud de la Haute-Vienne.

 

Aujourd'hui, le cheptel et la surface de l’exploitation ont triplé : 170 vaches et 184 ha de SAU (dont une partie où l'on produit des céréales en TCS).
Mon parcours à l’installation n’a pas été sans embûche. Sous leur pseudo soutien, les barons locaux de la FDSEA ont œuvré sans relâche en CDOA et à la SAFER pour empêcher la constitution de l’assise foncière nécessaire à mon installation. Leur vision de l’agriculture favorise l’agrandissement au détriment de l’installation. Mon cas n’est pas isolé, beaucoup de jeunes agriculteurs l’ont vécu. »


L’engagement syndical : des débuts décevants...


« Les difficultés rencontrées m’ont conduit à m’engager aux JA pour la défense de tous les projets d’installation. J’ai également été président du comité local installation-transmission du canton de Saint Yrieix dans le but de défendre de nouveaux modes d’accès au foncier. J’ai ainsi pu obtenir la création de la première ferme relais du département avec une installation en arboriculture. En parallèle, j’ai été exclu des JA car malheureusement ce syndicat de jeunes agriculteurs ne sert qu’à formater les futurs cadres de la FNSEA sans prendre en considération les revendications de la base, toujours dans l’objectif de renforcer les filières au détriment des producteurs.
Dès lors, j’ai voulu tout mettre en œuvre pour faire exploser le système FDSEA-JA/COOPERATION et redonner aux agriculteurs leur place dans toutes les OPA. Contrairement à d’autres, mon engagement syndical n’a pas vocation à me réserver une place au chaud pour plus tard, mais bien à défendre les agriculteurs ». C’est sa détermination qui conduit Bertrand à s’engager sur la liste dissidente FDSEA au scrutin Chambre de 2007. Espoir déçu car la tête de liste, ancien président de Chambre et de la FDSEA, ne sera jamais un opposant, pire, il rejoindra très vite la majorité départementale afin d’assurer ses mandats personnels.


L'engagement à la CR : une évidence


« En 2008, avec une centaine d’éleveurs, nous avons fondé le comité de Coussac. Nous avions pour objectif de dénoncer les dérives de l’agro-industrie, de permettre aux agriculteurs de redevenir maîtres de leurs exploitations et de reprendre en main la mise en marché de leurs produits.
C’est donc tout naturellement que je me suis rapproché de l’APLI à l’occasion de la grève du lait. Nos objectifs étaient communs et c’est pour cela que j’ai suivi les réunions et que je me suis fait l’écho de leur combat dans le cadre de mon mandat à la Chambre d’agriculture. »
Dès lors, l’engagement à la Coordination Rurale a été une évidence. « La ligne politique y est claire, nette, précise et réaliste. Pour moi, l’engagement syndical à la CR est naturel : quand on donne, on reçoit ! »


Elections  2013 : un essai, presque transformé


« Faire une liste CR dans le 87, personne n'y croyait, sauf nous ! Le challenge était compliqué, mais le résultat étonnant ! Il ne nous a manqué que 63 voix pour l'emporter ! »
Bertrand a su remplir sa mission de tête de liste avec succès. Il s'est investi pleinement pour amener les agriculteurs à échanger sur les sujets qui les concernent tous : les prix, les revenu, la pression des contrôles...
Bertrand regrette cependant de voir comment s'est passé le dépouillement des élections. « Quand on perd de 63 voix sur 2200 votants et que le président de la commission élection (un fonctionnaire) refuse de faire recompter les voix, on s'aperçoit que les habitudes malsaines de cogestions demeurent... ».
« Mon rôle au sein de la Chambre, je le conçois comme celui que j’occupe actuellement dans le groupement d’achat cantonal : permettre à chacun, petits et gros, de bénéficier des mêmes conditions de production et d’une rémunération à la hauteur de la charge de travail. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, malgré notre bon résultat aux élections, la liste FDSEA nous a fermé les portes des commissions et l'accès aux informations. Je ne laisserai pas tomber pour autant et prendrai à cœur mon rôle d'élu d'opposition ».
Bertrand ne veut surtout pas laisser tomber ceux qui ont fait confiance à la liste CR. Il compte bien poursuivre son combat pour défendre les agriculteurs et leur permettre de vivre dignement de leur métier.

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