Bernard Blondeau, agriculteur dans le Nivernais central, est ce que l'on appelle un précurseur. Il est l'un des premiers à s'être lancé dans ce qui deviendra « tendance » dans les années 2000 : l'agrotourisme.

 

L'agriculture dans le sang

« Dès que j'ai su marcher, j'ai su que je voulais être agriculteur » explique Bernard. Issu d'une famille d'agriculteurs, pendant toute son enfance, il accompagnera son père sur l'exploitation, découvrant un milieu qui le passionne et qui le fait vibrer. Pour autant, Bernard est également un élève studieux et ouvert d'esprit. Les soirs et week-end, il « travaille » avec ses parents, et la semaine, il suit une formation math-physique au lycée. Mais l'amour de l'agriculture l'emporte. Après son service militaire, Bernard décide de devenir agriculteur. Il commence sur l'exploitation de ses parents, en soutien, puis s'installe, à 24 ans, sur son exploitation.

 

Un homme de confiance

En 1981, Bernard prend les rênes de sa petite exploitation de 36 ha à Brinon-sur-Beuvron, dans la Nièvre. Peu à peu, son exploitation s’agrandit. Aujourd'hui, Bernard est à la tête de 200ha où il pratique la polyculture élevage, avec ¾ d'élevage (bovins élevage) et ¼ de cultures (blé, orge, colza). C'est grâce aux terres de ses parents mais également grâce à la confiance des autres agriculteurs du département qui ont voulu lui céder leurs terres que Bernard gère aujourd'hui une telle exploitation.
En effet, dans les années 80, la Nièvre était en grande partie herbagère. Peu à peu, la donne s'est inversée et le labour est devenu la norme. Bernard, qui a rapidement saisi l'opportunité de posséder 75 % de surfaces herbagères pour obtenir les aides à l'installation a donc constitué le profil idéal pour ses voisins qui, partant à la retraite, laissaient leurs terres mais tenaient à ce qu'elles restent herbagères.

 

Quand l'agriculture rencontre le tourisme : une histoire d'amour

Au début des années 80, Bernard rencontre celle qui deviendra son épouse. Lui jeune agriculteur, elle diplômée d’hôtellerie. Les deux époux auront 3 enfants, mais ils accoucheront également d'un beau projet : celui de l'agrotourisme.
Ils mettront tous deux leurs compétences, leur passion et leur imagination au service d'une ferme auberge, la Bêlerie. L'idée naît en 1982, le projet prend forme en 1983. La route n'a pas été simple, surtout pour obtenir les financements, mais le couple ne se laisse pas décourager. Les premières années, la ferme auberge reçoit le public uniquement pour les repas.
Au restaurant, tout est fait maison et provient des produits de la ferme ou des fermes voisines. Depuis 1990, jusqu'à 80 personnes peuvent déjeuner et dîner à la ferme auberge. En 2007, le projet prend un nouvel essor avec l'ouverture de 5 chambres d'hôtes.
Et pour promouvoir les produits fermiers, chaque année, le 2ème week-end de septembre, Bernard organise un marché à la ferme, où il accueille une quinzaine de producteurs locaux.

 

Rencontre de 3ème type : la ville vient à la campagne !

Ce que Bernard aime dans ce projet, c'est la rencontre avec des gens qui viennent d'horizons différents. Le soir, à la table d'hôte et le matin au petit déjeuner, c'est l'occasion idéale pour discuter et partager. Souvent, Bernard est cependant sidéré de voir le fossé qui sépare les gens des villes et ceux des campagnes. Pour les citadins, l'agriculture, c'est l'élevage intensif en Bretagne ou les grandes culture de la Beauce. Ils n'ont pas conscience de toute la diversité que représente l’agriculture en France. Bernard prend alors à cœur son rôle de « porte-parole » du monde agricole et vulgarise, autant que possible ce métier méconnu. Il essaie d'ouvrir les yeux des citadins, en leur faisant toucher du doigt la réalité rurale. Les touristes sont curieux, avides des renseignements et posent de nombreuses questions. Ils repartent en général ravis, ébahis par la qualité qu'offre la nature.

 

L'engagement syndical pour contrer les imposteurs

Au début de sa carrière, Bernard a milité auprès des JA, mais très vite, il y ressent un malaise et sort des rangs. « Les manifs des années 85 – 86 de la FNSEA m'ont définitivement vacciné contre elle ! Elle ne représente pas les agriculteurs ! ».
C'est en 2001 que Bernard entre, par hasard, à la Coordination Rurale. Un ami agriculteur le contacte pour qu'il soit candidat à ses côtés pour les élections aux Chambres. Bernard pose une seule question :

  • « Est-ce sur une liste FNSEA ? »
  • « Non, c'est pour la CR »
  • « Banco, je te suis ! »

Finalement, l'expérience ne s'arrêtera pas là. Bernard voit en la CR un syndicat ouvert, où enfin, il ne se sent plus en marge de la profession. Aux côtés d'une équipe CR58 dotée d'un bon esprit, il apporte depuis presque 15 ans, son soutien, en fonction de ses possibilités. Depuis qu'il a découvert le « Congrès annuel de la CR », il y a 10 ans, Bernard n'en a raté aucun ! « C'est un moment essentiel où l'on peut échanger et voir qu'on n'est pas seul ».

 

2 mots d'ordre pour l'avenir : espoir et tolérance

Bernard croit encore au futur de l'agriculture. Et même si les PAC qui se succèdent sont toutes décevantes, si le bassin allaitant du nivernais a été sacrifié, il ne veut pas baisser les bras.
L'espoir, vient finalement peut-être de ces citadins qui voudraient se rapprocher des valeurs rurales. « La survie des agriculteurs tient aux gens des villes ». Ils ont besoin de nous et nous avons besoin d'eux pour faire face aux dérives de l'agroalimentaire. « Alors, même si nous n'avons pas toujours les mêmes idées, à nous de faire preuve de tolérance et de nous serrer les coudes. Nous le devons à nos enfants et petits enfants ! ».



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