Cheveux longs, barbe grise et sourire aux lèvres, Michel Cartier gère une exploitation céréalière en polyculture à Plaimpied-Givaudins, à 10 kilomètres au Sud-Est de Bourges. Militant dans l'âme et fort de ses convictions, il préside la Coordination Rurale du Cher (18) depuis six ans maintenant.



Des télécoms à la polyculture

Michel Cartier travaillait dans les télécommunications avant d'être rattrapé par ses origines et sa passion de la terre. « J'avais le choix entre les deux métiers, et en juillet 1994, lorsque mon père a pris sa retraite, j'ai décidé de reprendre l'exploitation familiale. »
Comme beaucoup d'agriculteurs, il connaît quelques difficultés avec les établissements bancaires à ses débuts. Il parvient tout de même à développer l'exploitation et décide, en 2007, de se spécialiser dans l'agriculture de conservation.



La découverte du semis direct

Le modèle proposé aux agriculteurs pour la culture de leurs terres ne le satisfait pas pleinement. Incitations à l'utilisation massive de produits phytosanitaires, raccourcissements croissants des rotations… Il décide de prendre à revers toutes les recommandations pour développer des cultures en semis direct sans labour. Après quelques recherches documentaires, il fait une rencontre décisive dans son projet : Noël et Lydie Deneuville (lien vers portrait 15/10/14). Quelques années plus tard, il ne regrette pas du tout son choix et ce, malgré les difficultés à obtenir un rendement stable et une plus grande vulnérabilité aux aléas climatiques et aux animaux nuisibles, principalement les campagnols, les oiseaux et les limaces.
Il cultive aujourd'hui 116 hectares pour une dizaine de productions différentes : luzerne, millet, vesce, blé, pois de printemps, sorgho, colza, avoine, tournesol… « Nous maîtrisons mieux notre production et les rythmes de rotation. Nous devons simplement attendre quelques années que les plantes s'adaptent au mieux au sol et à ses contraintes. » Ces changements lui ont permis d'alléger sensiblement les charges de son exploitation et de gagner en qualité de vie, notamment en lui libérant du temps pour son engagement syndical et ses loisirs.



Un engagement syndical précoce

Michel Cartier a très tôt été convaincu que la défense du métier d'agriculteur passait par un engagement syndical fort. Il a donc pris sa carte aux JA mais a très rapidement rejoint la Coordination Rurale. Sans angélisme ni dogme idéologique, il estimait les positions de la CR plus en adéquation avec ses convictions profondes et sa vision du métier d'agriculteur. Sur ce plan, il ne manque pas de dénoncer vigoureusement la cogestion du syndicat majoritaire et de ses ramifications : « la pluralité syndicale est nécessaire et elle doit être rendue obligatoire, sans quoi l'agriculture française n'a aucun avenir. Il faut que la majorité syndicale change. »



« Défendre des idées plutôt que des services »

Devenu président de la Coordination Rurale du Cher, il œuvre pleinement en ce sens et tente de rassurer les agriculteurs réticents à l'idée de s'engager au quotidien. «Il faut reprendre les choses en main. Les voisins sont passifs parce qu'ils ont peur ! Mettre une pancarte dans un coin de notre champ n'induit pas nécessairement un contrôle. Afficher sa façon de penser ne conduit pas en prison ! » Il est vrai que dans le Cher, comme sur tout le territoire, les nombreuses difficultés auxquelles ils doivent faire face ont conduit de nombreux agriculteurs à un certain fatalisme empreint de résignation. Mais pour Michel, pas question d'abandonner : « Il faut défendre les idées plutôt que les services. Beaucoup de personnes sont fatiguées par le système. Le syndicat est présent pour nous représenter et pour que nous nous battions ensemble ; nous défendons avant tout une philosophie. »



Des loisirs pour le moins originaux

Et de philosophie, il en est une que Michel s'applique autant à ses activités professionnelles, syndicales que pendant ses loisirs : repousser les limites, avec un goût de l'effort et un esprit de camaraderie exemplaires. Il a par ailleurs décidé de raccrocher le moto-cross pour découvrir, avec autant sinon plus de sensations fortes… le saut en parachute ! Qu'il s'agisse de défendre son métier et ses collègues ou de sauter d'un avion accroché à quelques bouts de tissus et de ficelles, il cite volontiers le philosophe romain Sénèque : « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, mais parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles. »



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