En mars 2022, lors du Salon International de l’Agriculture, la Coordination Rurale (CR) et l’APLI, toutes deux membres de l’EMB, réclamaient un prix du lait à 500 €/1000L, sur la base d’une évaluation des coûts de production des éleveurs français menée par le Bureau d’agriculture et de sociologie agricole (BAL). Loin d’être utopique, ce prix a été atteint début 2023.

À l’occasion du SPACE, des représentants de la CR et de l’APLI sont allés rencontrer les représentants de différentes laiteries présentes sur le salon pour que celles-ci mettent fin à la baisse mortifère du prix payé aux producteurs : – 50 €/1000L. Pour Sophie Lenaerts, vice-présidente de la CR et responsable de la section lait : « Le contexte laitier ne justifie en rien cette baisse vertigineuse, si ce n’est la volonté des industriels d’améliorer leur marge au détriment des éleveurs », ce que confirme Boris Gondouin, représentant de l’APLI à l’EMB, en ajoutant que « le prix du lait Spot vient de dépasser les 500 €/1000L, ce qui indique qu’il y a un manque de production. Si les prix aux producteurs ne remontent pas rapidement, le déclin de la filière va continuer, car les éleveurs ne peuvent pas se rémunérer, s’installer et investir ».

Faute d’avoir été entendues lorsqu’elles présentaient la méthode de calcul des coûts de production de l’EMB, la CR et l’APLI se sont appuyées sur les indicateurs « officiels » de la filière : « L’indice MILC est actuellement de 140 €/1000L. En moyenne, pour couvrir les charges et rémunérer les éleveurs, cet indice devrait s’établir à environ 210 €/1000L, soit une différence de 70 € par rapport à la valeur actuelle. En sachant que le prix réel actuel du lait est de 450 €/1000L, si nous voulons obtenir une juste rémunération, le prix du lait devrait également augmenter du même montant pour atteindre l’ordre de 520 €/1000L » indique Joseph Martin, président de la CR Bretagne et responsable de la section lait de la CR.

Cette situation problématique n’existe-t-elle qu’en France ? Non, pas du tout : les prix baissent à nouveau fortement dans de nombreux pays européens et ne permettent plus de couvrir les coûts. Par exemple, nos confrères belges rapportent qu’au 2ème trimestre 2023, il y avait déjà un déficit de plus de 8 centimes/kg de lait. En Allemagne également, le déficit s’élevait déjà à 3 % en avril de cette année. Depuis, le prix moyen est tombé d’environ 46 à 42 centimes/kg de lait en juillet, creusant ainsi encore le différentiel. La Lituanie avait déjà un déficit important de 15% au premier semestre de 2022. Une situation insoutenable pour les agriculteurs européens.

Kjartan Poulsen, président de l’EMB s’est adressé à la Commission européenne : « L’EMB et ses membres exposent le problème très clairement aux politiques. Entre-temps, l’ignorance totale initiale de la Commission européenne a quelque peu changé, de sorte qu’il existe désormais une légère inquiétude quant à la situation du marché, même au sein de la Commission européenne. Mais cela ne suffit absolument pas. Car il est nécessaire de mettre un terme à la forte baisse des prix et pour cela, l’instrument de réduction volontaire de l’offre doit enfin être activé par la Commission ! ». Mais comme le montrent les réponses de la Commission européenne aux questions officielles, les décideurs politiques ne vont pas encore dans cette direction. Pourtant, ils le doivent absolument : « La crise contre laquelle nous alertions depuis longtemps est là ». Le mot d’ordre est plus actuel que jamais : « Agir maintenant ! »

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