La crise sanitaire et les mesures de confinement mises en place à partir du mois de mars ont profondément perturbé le marché de la viande de chevreau. Les fêtes de Pâques, pendant lesquelles la consommation est la plus importante de l’année, a vu la restauration hors domicile à l’arrêt, ce qui a privé toute une filière de débouchés. Avec une demande qui n’est pas au rendez-vous, la cotation du chevreau de 11 kg a plafonné à 2,7€/kg, en recul de près de 21 % par rapport à 2019. Même tendance du côté des exportations : la période pascale a vu un effondrement des commandes en Italie comme au Portugal, réduisant de 48 % par rapport à 2019 les exports du mois d’avril. Face à ces restrictions, d’importants stocks privés ont été constitués chez les abatteurs, atteignant 750 tec dont 450 tec de surstock.

Un ramassage divisé par deux

Le principal abattoir de la filière chevreau, Loeul et Piriot, a annoncé fin juillet à ses fournisseurs engraisseurs une limitation de la collecte des chevreaux à 50 % à partir du 1er octobre, répercuté sur les éleveurs dès fin août. Cette décision, motivée par des surstocks et des coûts afférant important, est intolérable pour les éleveurs, qui se sentent démunis face à cette situation. Ces derniers ayant subi des baisses de prix récurrentes, rognant sur leurs marges afin de continuer leur activité, ne peuvent aujourd’hui se voir refuser la vente de leurs chevreaux.

« L’an dernier à la même époque mes chevreaux étaient vendus 1,20 le kilo ce qui est déjà « donné ». Cette année le chevreau en dessous de 5 kilos est payé 20cts/kg et au dessus de 5 kilos c’est 60cts/kg. A ce prix la, je perds de l’argent. Néanmoins mes chevreaux sont encore ramassés , mais pour combien de temps ? » indique Camille Thieulin, éleveuse caprine dans l’Allier.

Un soutien de l’État est urgent

Les engraisseurs qui ont perdu entre 80 et 120 % de leur revenu 2020 à cause de la conjoncture du printemps, doivent être financièrement soutenus pour continuer à ramasser les chevreaux des éleveurs. L’urgence est au désengorgement des stocks qui spéculent sur le prix d’achat. La Coordination Rurale a donc écrit au ministre de l’Agriculture pour lui proposer d’écouler la viande stockée en favorisant sa consommation par la restauration collective. Cela aurait le double avantage de promouvoir la filière de viande caprine, subissant des problèmes de débouchés structurels, en plus de désengorger les stocks.

(Mise à jour le 17 septembre) Les éleveurs de la CR se félicitent de la fin du contingentement du ramassage des chevreaux obtenue suite à une rencontre entre Interbev et le Ministère de l'agriculture. Cependant, le surstock de viande de chevreau permet une spéculation sur le prix d'achat. L'urgence est donc de déstocker cette viande notamment par le biais de la restauration collective comme indiqué précédemment, afin de mettre un terme à cette crise.

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