La Coordination Rurale est une nouvelle fois atterrée par l’attitude de la Commission européenne en matière d’importation ! Et pour cause, voici un extrait de la réponse de la présidente de la Commission, Ursula von Der Leyen, à la question d’eurodéputés sur l’importation de denrées agricoles produites avec des pesticides interdits en Europe :

« Les produits agricoles ne peuvent être commercialisés dans l'UE seulement si les résidus de pesticides sont inférieurs aux niveaux considérés comme sûrs pour les consommateurs (limite maximale de résidus - LMR). La législation européenne fixe également des LMR pour les pesticides qui sont autorisés en dehors de l'UE, ce que l'on appelle les tolérances à l'importation. La raison pour cela est que les producteurs des pays tiers rencontrent des conditions de production et des nuisibles qui peuvent requérir l'usage de pesticides différents de ceux utilisés dans l'UE. Alors que ces tolérances à l'importation garantissent que la santé des consommateurs européens est protégée, elles facilitent également le commerce et le soutien aux moyens d'existence des agriculteurs, y compris ceux des pays en développement, pour qui les exports agricoles vers l'UE sont une source majeure de revenu. »

La Commission dit chercher à faciliter le commerce pour soutenir les agriculteurs des pays tiers mais ces explications ne convainquent pas la Coordination Rurale qui rappelle que nous importons principalement depuis le Brésil, les États-Unis, l’Ukraine et le Canada ! Ce sont donc loin d'être tous des petits paysans…

L’ouverture se fait via des souplesses sur l’utilisation de produits phytopharmaceutiques (PPP) : la Commission européenne interdit l’utilisation de PPP en Europe pour des raisons de dangerosité, mais autorise l'import de denrées traitées avec ces mêmes produits parce que « la santé est "préservée" et qu'il faut soutenir les agriculteurs des pays tiers »… La Commission se préoccupe des conditions de production et des nuisibles hors de l'Europe, mais semble oublier que ses décisions et objectifs mettent, ou vont mettre, les agriculteurs européens dans des impasses techniques que ne connaissent ou ne connaîtront pas les agriculteurs des pays tiers. La Commission considère les aspects économiques et sanitaires des agriculteurs des pays tiers mais refuse d'en entendre parler pour les agriculteurs européens… !

Concernant les LMR En lisant la réponse d’Ursula von Der Leyen, on est en droit de se demander comment la Commission justifie-t-elle l’augmentation des LMR sur le glyphosate ? En effet, certaines LMR de ce produit ont été augmentées par la Commission entre 2008 et 2013. Depuis, certaines plantes bénéficient d’une LMR très élevée (20 mg/kg) ; il s’agit du soja, du tournesol, de l’orge, de l’avoine et du sorgho, qui sont soit des cultures pouvant être génétiquement modifiées « Round Up ready », soit des cultures dessiquées au glyphosate. Pour le blé, les lentilles et le colza, elles sont à 10. Elles sont à 2 mg/kg pour les haricots.

À titre d’exemple, la limite maximale sur lentille est passée de 0,1 mg/kg à 10 mg/kg, soit une multiplication par 100. De quoi faciliter les importations de lentilles dessiquées provenant du Canada et des États-Unis…

Pour une bonne application du principe de précaution, la Coordination Rurale demande que, pour tous les produits à destination alimentaire contenant du glyphosate, les LMR soient établies au seuil de détection. De plus il convient d’interdire les importations de denrées alimentaires ayant été produites avec des PPP interdits en UE.

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