La Commission européenne prépare actuellement une stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne. Dans le projet de texte qui a fuité dans la presse, elle évoque plusieurs pistes afin de mettre l’agriculture à contribution de ces réductions. Parmi elles figurent la meilleure gestion des sols et des forêts, le développement de l’agriculture de précision et… la réduction de l’élevage de ruminants !

Ces trois pistes sont liées aux types d’émissions agricoles : elles sont essentiellement constituées de méthane issu de la fermentation entérique et d’oxydes nitreux issus de l’utilisation d’engrais et fertilisants.

Cette annonce n’est hélas par surprenante pour les éleveurs, tant la Commission a multiplié ces dernières années les mesures politiques allant à l’encontre de l’élevage.

Cela a commencé avec la réforme de la PAC de 2014, où les polyculteurs-éleveurs ont été lourdement pénalisés par la convergence des aides. Cela s’est poursuivi par le « Plan Juncker » qui vise à contourner les blocages de l’OMC sur le commerce international en signant un maximum d’accords bilatéraux de libre-échange. Dans ces accords, l’élevage est systématiquement utilisé comme la variable d’ajustement des négociateurs européens.

Cette fois, au nom du climat, l’Europe assume vouloir réduire le nombre d’éleveurs en prônant une baisse de la consommation de viande et de produits laitiers.

D’après elle, « une réduction de la demande de viande bovine au niveau des consommateurs couplée à une réduction proportionnelle de la production de viande dans l’UE, réduirait sensiblement la quantité de méthane émise et nécessiterait une production réduite d’aliments pour animaux, ce qui à son tour réduirait les émissions d’oxydes d’azote et permettrait de réduire le besoin global en engrais tout en libérant éventuellement des terres arables ».

Réduire l’élevage par des raisonnements absurdes

Ce raisonnement absurde montre que le climat n’est qu’un prétexte pour diminuer l’élevage.

En Europe, la production de viande bovine est issue de l’association entre des végétaux non-valorisables pour la consommation humaine (herbe et foin, résidus de culture, co-produits agricoles…) et de graines. La récolte de l’herbe est du foin se déroule essentiellement sur des terres non-labourables, et préserver la complémentarité élevage/grande culture permet de maintenir la vitalité des sols.

D’après l’INRA, on relève d’ores et déjà une dégradation inquiétante de la teneur en matières organiques dans les zones de plaine où l’élevage à disparu, nécessitant un recourt extrêmement intensif aux engrais de synthèse. Il est ainsi totalement fallacieux de prétendre que réduire l’élevage permet de réduire les besoins en fertilisants et réduire ainsi les émissions qui leur sont liées.

Enfin, comment ne pas être affligé devant tant d’hypocrisie, alors que la Commission ne cesse de faciliter les importations de viandes en provenance de pays très peu respectueux de leur environnement (Brésil, Canada, Australie…). La Commission ne souhaite absolument pas réduire la pollution liée à l’élevage, elle souhaite simplement la délocaliser en Amérique ou en Océanie.

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