Dans la future loi d’orientation agricole, il est question d’un bachelor pour l’enseignement agricole. Un bachelor est un titre qui donne un niveau équivalent à Bac+3, sans être une licence. C’est un diplôme très professionnalisant, qui vise l’entrée dans la vie active au niveau Bac+3. Les études sont en lien avec le terrain et les périodes en entreprise sont nombreuses. Selon les déclarations de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER), le bachelor agricole vise à accroître le nombre d’apprenants. De fait, il semble conçu pour attirer vers l’enseignement agricole, un public extérieur.

Dans l’absolu, le bachelor peut être utile. Il existe effectivement certains emplois qui sont peu pourvus parce qu’à cheval entre deux niveaux. Il existe cependant plusieurs questions.

Vis-à-vis d’un public extérieur (non formé par l’enseignement agricole), il convient de rester prudent, concernant l’efficience du bachelor. Le niveau de diplôme n’explique pas le désintérêt pour l’agriculture. C’est la faiblesse du revenu qui est en cause. Par contre, s’il s’agit d’offrir aux titulaires d’un BTS agricole une formation supplémentaire en gestion, on peut saluer la mesure.

Pour la DGER, le bachelor a « vocation à devenir un niveau de formation de référence dans ces métiers et à accompagner ainsi l’ambition d’élévation du niveau de formation des futurs cadres intermédiaires ». Pour certaines filières (l’horticulture notamment, qui regroupe l’horticulture ornementale, le maraîchage et l’arboriculture entre autres), le niveau baccalauréat est assimilé à un niveau d’ouvrier spécialisé et le BTSA celui de technicien. Dans cette logique, le bachelor formerait des « cadres intermédiaires ». Cette appellation s’applique à un diplôme destiné au salariat. Or, le défi à venir est de former des chefs d’exploitation. Il existe donc de nombreuses interrogations sur la place et la finalité de ce diplôme. Doit-on considérer que le bachelor est un titre réservé à la formation des cadres des grandes exploitations ? Dans ce cas précis, son existence n’apportera aucune solution au remplacement des futurs départs en retraite. De plus, les débouchés ne seraient pas axés sur un emploi ou une compétence mais sur une catégorie d’entreprises, ce que la Coordination Rurale rejette par avance.

Certes la DGER et le ministère de l’Agriculture rejettent l’idée d’une réévaluation de la capacité agricole, actuellement au niveau baccalauréat. Cependant, le contenu du futur bachelor pourrait de fait, pousser les élèves à adopter cette voie. Les diplômes du baccalauréat et du BTSA seront alors définitivement dévalorisés.

Enfin, il est curieux de constater que la naissance du bachelor est justifiée par l’augmentation de la technicité des métiers. En effet, cet accroissement date de plusieurs décennies, or en 2009 il a été décidé de supprimer une année de baccalauréat (faisant passer le diplôme de 4 à 3 ans). Cette réforme basée sur la volonté d’aligner l’enseignement professionnel agricole sur les formations générales méconnaissait nos spécificités. Ne pouvant acquérir l’ensemble des connaissances nécessaires à l’exercice de leur futur métier, les apprenants ont dû multiplier les formations faisant naître des parcours chaotiques et freinant la capacité d’attraction de l’Enseignement Agricole. Voilà que quatorze années après, on rajoute un diplôme.

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