Nous avions divulgué, précédemment, les résultats de l’enquête européenne sur les arrivages de miel en provenance de pays tiers à l’Union européenne. Plusieurs précisions viennent parachever un tableau déjà sombre.
Selon les chiffres révélés par FranceAgriMer, la fraude a été suspectée pour 75 % des échantillons prélevés en provenance de Chine, 93 % pour ceux venant de Turquie et 100 % des échantillons venant des îles Britanniques. Rappelons que l’enquête menée en 2021 et 2022 avait révélé que 46 % des échantillons prélevés dans toute l’Europe étaient suspects. Les fraudes n’ont pas toutes étaient détectées au même stade. Si certaines l’ont été au niveau de l’import-export, d’autres ont été découvertes au stade du conditionnement ou de la vente au détail. Enfin, il est bon de se souvenir que les miels contrôlés dans un pays de l’Union européenne ne lui étaient pas forcément destinés.
Autre information qui a son importance, 80 % des miels vendus au détail en Europe sont des mélanges. On peut s’interroger sur ce chiffre, mais il permet d’avancer quelques hypothèses.
Si l’écrasante majorité des miels vendus au détail sont des mélanges, l’ajout de sucres exogènes est rendu plus difficile à détecter. Inutile de les vendre tels quels. Il suffit de rajouter quelques grammes par pot, pour faire la culbute. Cela pourrait expliquer l’explosion des fraudes entre l’analyse européenne de 2021-2022 et celle de 2015-2017 (46 % de fraudes pour le premier cas, 14 % dans le second). De plus, en combinant cette information au fait que les produits frauduleux sont importés puis réexportés au sein de l’UE, cela peut expliquer les résultats curieux concernant la Grande-Bretagne. Cette dernière produisant et exportant peu. Dans cette mesure, les îles britanniques sont plus une plaque tournante (toutes proportions gardées) du commerce des produits frelatés que de la production de ces même produits.
Quoi qu’il en soit, la France traverse des crises de production et la demande si elle n’est pas constante reste supérieure à l’offre. Nous sommes donc une cible attirante pour tous les magouilleurs qui souhaitent faire fortune.
Pour la section Apiculture de la Coordination Rurale, la solution passe par une vigilance et une fermeté accrues, un renforcement des contrôles et notamment au stade de la commercialisation, une amélioration des méthodes d’analyse, et enfin, des sanctions pour tous les fraudeurs y compris les metteurs en marché.