Depuis plusieurs mois, les organisations syndicales apicoles et le gouvernement élaborent un plan de sauvegarde de l’apiculture française. Les débats visent à mettre en œuvre une aide conjoncturelle pour les apiculteurs, touchés par une crise des ventes. Les chiffres d’affaires ont dégringolé, les invendus ont suivi la courbe inverse et nombre d’apiculteurs stockent leur production en espérant des prix couvrant leurs coûts de production ou l’arrêt des refus d’achat des conditionneurs et ce quel que soit le prix. Cette situation catastrophique a amené le gouvernement à débloquer une enveloppe de 5 millions d’euros. Le geste est noble, mais la section Apiculture de la Coordination Rurale note deux séries de problèmes. La première est directement liée à l’aide promise. La seconde, plus inquiétante, s’interroge sur l’efficience réelle d’une telle aide.

Comme toute aide, l’enveloppe débloquée par le gouvernement a ses limites. Nous ne dénonçons pas ici une difficulté liée aux autorités actuelles, ni même à l’apiculture. Les restrictions qui affectent le plan envisagé s’appliquent à toutes les filières qui se trouvent dans la même position.

Tout d’abord, l’aide est plafonnée. Dans son montant global mais également pour les sommes potentiellement versées à chaque apiculteur. On parle d’un plafond de 20 000 € par exploitant. Certes, la somme n’est pas ridicule en soit. Cependant, ramenée au kilo de miel invendu, elle peut s’apparenter à un coup de pouce dérisoire. De plus, les plafonnements, croisés avec le nombre de professionnels impactés par la crise, peuvent soit déboucher sur du saupoudrage, soit amener le ministère à durcir les conditions d’accès, privilégiant ainsi un nombre restreint de producteurs au détriment de l’ensemble. Il n’existe malheureusement pas de bonne solution si ce n’est d’exiger des subsides étatiques autrement plus conséquents. Cela étant, eu égard à l’état des finances publiques, les chances d’aboutir sont minces.

Le second problème, lié à la nature même des aides, est leur incorporation au système des minimis européens. Un principe qui impose un plafond d’aides versées aux producteurs. Or les aides prises en compte sont de nature très diverses. Dans le cas de l’apiculture, il faut incorporer les aides bio, celles concernant les calamités agricoles, etc. De fait, en fonction des situations, certains apiculteurs pourraient ne recevoir qu’un appui financier minuscule.

Mais au-delà de ces soucis propres au mécanisme des aides, la question soulevée par la section apicole de la Coordination Rurale lors des échanges avec l’État, est autrement plus préoccupante.

Certes l’inflation a pu dissuader de nombreux consommateurs, certes le miel est concurrencé par d’autres produits tels que la confiture ou les pâtes à tartiner, mais ces phénomènes sont connus et récurrents. L’origine de la crise vient des arrivées massives de miel à bas prix. Des produits frauduleux d’une part et une importation massive de miel ukrainien d’autre part. Si pour le miel ukrainien des solutions peuvent être envisagées, pour l’invasion des substances frauduleuses, rien n’est réellement prévu.

L’aide qui se veut conjoncturelle ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau, si les frontières européennes restent des passoires à fraude. La tromperie organisée sur l’origine et la qualité des miels est un problème structurel qu’aucune aide ponctuelle ne résoudra. Pour la section Apiculture de la Coordination Rurale, il est temps de s’attaquer au véritable péril qui menace la production et seulement la production.

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