La Commission des comptes de l’agriculture de la nation a publiée, ce vendredi 3 juillet, les comptes provisoires de l’agriculture pour l’année 2019, établi sur la base de données et d’informations disponibles au 15 juin 2020.

Une hausse de valeur insuffisante

En 2019, la valeur de la production de bétail hors subventions croît de 3,1 %, et la part des productions animales dans la valeur de la production agricole a légèrement progressé pour s’établir à 20,8 % en 2019, contre 20,2 % en 2018. Cette augmentation de la valeur est tirée par la production porcine (+20,6%) sous l’effet des prix bénéficiant de la pénurie de viande de porc en Asie. En effet, la peste porcine africaine (PPA) s’est étendue à presque toute l’Asie et en particulier à toutes les régions de la Chine, d’où une forte réduction du cheptel et une demande à l’importation qui atteint un niveau inégalé créant ainsi un déséquilibre offre-demande. Cependant, cela ne compense pas la baisse en valeur de 3,5 % accusée en 2018. Cette augmentation occulte également la situation pour le reste du bétail, globalement en baisse. C'est le cas pour les filières bovines qui ont vu leur situation se dégrader, passant sous la barre des 9 % de la valeur totale de production agricole. Afin de mettre un terme à cette décapitalisation bovine, il est indispensable que les revenus des éleveurs soient revalorisés, ce qui doit passer par de meilleures cotations.

Des conditions météorologiques défavorables

Cette même année, la valorisation du cheptel bovin (immobilisation corporelle) s’accroît de 32,5% et s’établit à 0,3 milliards d’euros. Cette hausse intervient après une forte baisse accusée en 2018 de 41,2 %. Elle n’est cependant pas synonyme d’une mise à l’arrêt de l’érosion du cheptel bovin français, mais plutôt d’une hausse globale des cotations. En effet, la sécheresse estivale a rendu difficile l’alimentation des animaux et le cheptel laitier s’est réduit de 2,8 % par rapport à 2018. Le cheptel allaitant décroît quant à lui depuis 2017, et a diminué de 1,6 % chaque mois en 2019 par rapport à l’année précédente. Les vaches ont été réformées plus lourdes, ce qui a induit un prix par vache supérieur à l’année précédente.

Des consommations intermédiaires qui augmentent

La production de lait et de produits laitiers hors subvention augmente, en 2019, en valeur de 4,2 %, tirée par des prix globalement en hausse de 3,6 % (après une augmentation de 1,1 % en 2018) et plus modérément en volume de 0,6 %. Les conditions climatiques, avec l’apparition de la sécheresse dès le mois de juin, et les épisodes estivaux de canicule ont mis un coup d’arrêt à la collecte en hausse sur la nouvelle campagne. L’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen a ralenti la reprise entamée au mois d’août (14 000t de lait ont été écartées, soit 1% de la collecte française sur cette période). En parallèle, le prix des consommations intermédiaires augmente de 1,2 % en valeur (toutes filières confondues) confirmée, pour la production laitière, par l’Ipampa lait de vache (calculé par l’institut de l’élevage), qui augmente de 1,3 %/2018 (+3,6 entre 2018/2017).

 

Cette nouvelle publication des comptes de l’agriculture témoigne de la supercherie des États Généraux de l’Alimentation. Les indicateurs de coûts de production restent à l’état de vœux pieux et ne sont pas appliqués. Face à cet échec et à l’immobilisme des politiques français, il faut s’en remettre à une réforme de la PAC. Pour que les éleveurs puissent reprendre en main la valorisation de leur production, les équipes de la CR ont lancé plusieurs initiatives visant à mettre en relation directe éleveurs et distributeurs.

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