Un grand réseau de commercialisation de viande avariée vient d’être dévoilé par la police brésilienne. Face à ce scandale politique et sanitaire d’ampleur internationale, la Coordination Rurale tient à rappeler les dangers potentiels du libre-échange pour les Européens. 

Rappel des faits

Des fonctionnaires des services vétérinaires brésiliens auraient reçu des pots-de-vin pour accorder des certificats sanitaires à des viandes avariées. Celles-ci auraient été maquillées au préalable grâce à des produits chimiques capables d’atténuer l’aspect et l’odeur de pourriture. Une vingtaine d’entreprises du secteur de la viande sont impliqués dans l’affaire, dont notamment JBS et BRF, deux géants du commerce international de viande. Le scandale dépasse les seules frontières du Brésil puisque des analyses effectuées dans des ports italiens ont révélé une concentration inquiétante de salmonelles dans des viandes vendues par BRF.

Tirer les bonnes leçons

Le Chili et la Chine ont déjà annoncé suspendre leurs importations de viande en provenance du Brésil. La Commission européenne s’est contentée, via son porte-parole, Enrico Brivio, de demander de « retirer immédiatement tous les établissements impliqués dans la fraude de la liste des sociétés approuvées par l'UE pour l'exportation », avant d’ajouter que ce scandale n’aurait toutefois aucun impact sur les négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur. En effet, une rencontre se tient actuellement à Buenos Aires pour relancer les négociations commerciales entre les deux continents. Cette réaction minimale montre bien que la Commission n’entend pas remettre en cause sa ferveur vis-à-vis du libre-échange ; elle se contente de réagir en cas de crise, sans chercher à protéger durablement ses consommateurs comme ses producteurs.

Protéger le consommateur, faire vivre le producteur

La Coordination Rurale rappelle d’abord que la viande produite en Europe, et particulièrement en France, est d’une qualité irréprochable. Elle bénéficie d’une traçabilité draconienne. Or, la poursuite des accords de libre-échange ne cesse de mettre en danger les producteurs européens en permettant l’importation de produits dont les standards sont bien moins rigoureux. La récente ratification du Ceta par le Parlement européen illustre bien ce phénomène de fond. Bien que les responsables européens aient assuré que cet accord ait été extrêmement exigeant en matière de sécurité alimentaire, une étude réalisée par AgroParisTech et l’Idele a pointé les risques d’affaiblir à terme les normes de qualités européennes. La sécurité sanitaire des consommateurs et la sécurité économique des éleveurs sont intrinsèquement liées. Les viandes européennes offrent bien plus de garanties sanitaires que les viandes d’importation, mais sur un aspect purement économique, elles ne peuvent pas lutter contre la concurrence déloyale ouverte par les accords de libre-échange. La logique commerciale qui s’applique aux produits manufacturés ne peut être calquée aux produits agricoles, notamment en raison de ces questions de santé publique. C’est pourquoi la Coordination Rurale se bat depuis sa création pour la reconnaissance l’exception agriculturelle à l’OMC.

Soyons vigilants sur la RHD française

Rappelons qu’en France, la majorité des viandes importées est destinée à la restauration hors domicile (RHD). La Coordination rurale avait ainsi révélé en 2013 que Farmor, alors filiale du groupe Avril via Glon Sanders spécialisée dans les plats préparés pour la RHD, importait massivement des poulets brésiliens. L’État devra prendre toutes les mesures adéquates pour surveiller les produits en provenance du Brésil. De manière plus structurelle, la CR milite pour introduire l’origine française dans les appels d’offres de la restauration des collectivités et des institutions publiques.

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