Le Commissaire européen à l’agriculture Phil Hogan a été auditionné par les députés français mardi 10 octobre. Au cours de cette rencontre, il a lancé plusieurs plusieurs pistes sur la PAC 2020, tout en évoquant à de nombreuses reprises la question des accords de libre-échange.

S’il a reconnu que le viande était un « sujet très sensible » dans ce domaine, il a surtout rappelé la nécessité selon lui retrouver un « consensus » avec les partenaires de l’Union européenne. Faut-il entendre par là que les accords de libre-échange seront conclus quoi qu’il arrive et sans considération des ravages qu’ils entraîneront pour les éleveurs européens ?

Cette hypothèse semble malheureusement se confirmer lorsque M. Hogan a annoncé la réalisation d’une étude d’impact sur les différents accords de libre-échange en cours de négociation. Or, nombreuses sont les études qui ont déjà démontré les conséquences dramatiques du Ceta. Il y a notamment eu l’étude publiée par l’Institut de l’élevage, l’Ifip et AgroParis Tech en février dernier. Il y a ensuite eu l’étude diligentée par le Gouvernement et remise au Premier ministre au début du mois de septembre. Ces différents rapports n’ont pourtant pas empêché sa signature ni son entrée en vigueur provisoire le 21 septembre dernier. Dans son discours de Rungis le 11 octobre, Emmanuel Macron n’a annoncé aucune mesure précise concernant le Ceta en dépit des recommandations sans appel du rapport qu’il a lui même commandité. Les nouvelles études demandées par M. Hogan auront-elles un effet différent ? On peut légitimement en douter.

Au cours de son audition, M. Hogan a tenté de rassurer les députés sur le fait qu’aucun accord ne sera signé avec des pays qui ne respectent pas les normes sociales, environnementales et sanitaires de l’Union européenne. Dans ce cas, pourquoi avoir réintégré la viande bovine dans la négociation avec le Mercosur alors que le Brésil a été secoué il y a quelques mois par un immense scandale sanitaire sur ses viandes exportées ? Dans ce cas, pourquoi négocier des accords comme le Ceta ou le Tafta qui intègrent la possibilité pour les multinationales de porter plainte contre des normes qui protègent les consommateurs européens ? N’est-ce pas en totale contradiction avec les demandes sociétales que nos décideurs ne cessent de mettre en avant ?

Malheureusement, les annonces de M. Hogan ne sont plus surprenantes. Secoué par des crises à répétition, l’élevage, et en particulier la filière viande bovine, est définitivement devenu le parent pauvre de la politique agricole commune. La Commission européenne ne tire aucune conséquence des effets néfastes des dernières réformes de la PAC et continue de sacrifier les agriculteurs européens sur les marchés mondiaux. Après les annonces faites mardi dernier, Phil Hogan confirme encore une fois qu’il n’a de commissaire à l’agriculture que le nom.

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