Certains, croyant faire œuvre utile ou cherchant à justifier des préoccupations soi-disant environnementales ont voulu nous imposer cette année la mise en place des fameuses CIPAN.
Une fois de plus la nature vient se jouer des idées fumeuses concoctées par des décideurs.

Chaque agriculteur sait que chaque année est exceptionnelle, et chaque agriculteur sait qu’il doit composer rapidement avec une nature qui remet sans cesse en cause ses méthodes de travail. Nous sommes bien loin des certitudes idéologiques qui mènent à des réglementations figées.
La fin d’été 2012 en est une parfaite illustration.

Deux bruits  me sont parvenus.
Le premier bruit est que l’administration se serait rapprochée, il y a quelques semaines, des organismes semenciers pour connaître le niveau des ventes de semences de CIPAN.
L’administration veut-elle mesurer un engouement supposé des agriculteurs pour les CIPAN ? ou craint-elle un désintérêt fort de ces derniers qui préfèrent un comportement « d’esquive » ?
Le second bruit serait que l’administration aurait décidé de ne pas rendre obligatoire en 2012 les CIPAN. Ceci s'expliquerait par les conditions climatiques et - espérons le - une prise de conscience tardive de l’irréalisme.

Cela appelle de ma part plusieurs observations.
Les agriculteurs sont considérés comme de grands enfants. C’est l’administration qui décide ce qu’il est bon de faire ou de ne pas faire sur leur ferme. Nous ne sommes donc pas considérés aptes à décider chez nous et c’est difficilement supportable !
Ceci dit, il y a les agriculteurs qui, par prudence ou refus des CIPAN, ont choisi d’opter systématiquement pour des cultures d’hiver et il y a les agriculteurs « pressés » de satisfaire aux « obligations » qui ont engagés les semences et tout le travail de préparation et de semis.
L’administration s’engagera –telle à les rembourser ? Toute peine supplémentaire ne mérite-t-elle pas salaire ?
A ce stade, nous n’avons considéré que la moitié du problème.
Imaginons des semis réussis et vers le 15 novembre un accident climatique concrétisé par plusieurs semaines de pluies. Qu’en sera-t-il de la destruction des CIPAN ? Qu’en sera-t-il du saccage inévitable de la structure des sols ? Qu’en sera-t-il des conséquences sur la culture suivante ? L’administration se sentira-t-elle encore concernée par les conséquences de ce qu’elle aura imposé ?
Dans les « salons de réflexion » sur l’agriculture, les pseudo-penseurs affranchis tant dans leur revenu que dans leur vie de tous les jours, des contraintes naturelles que sont le vent, la pluie, la sécheresse, la canicule, le gel, s’autorisent à préparer et à imposer des réglementations aussi coûteuses qu’irréalistes.
Nous vivons dans une société qui a horreur du risque, le principe de précaution n’est-il pas inscrit dans notre constitution ! Le comble du comble c’est que ce sont ceux qui souvent n’en prennent aucun qui exigent que les agriculteurs se soumettent à des réglementations ignorantes des risques climatiques et des conditions dans lesquelles s’exécutent leur travail.
Il n'y a qu'une seule parade : les exigeants doivent être responsabilisés. Tout choix, toute obligation administrative doit assumer les conséquences économiques et sociales de ses exigences
La responsabilité ne peut pas être « responsable et pas coupable » mais au contraire la responsabilité  - à laquelle doit s’ajouter le devoir d’honnêteté - cela doit être « qui commande paie »
 
 Jean-René Gouron

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