Vous avez 67 ans ? Dommage. Vous n’êtes plus apte à rester agriculteur. En fait, vous pourrez toujours le rester, vous ne toucherez juste plus les primes PAC. On peut dire merci à la nouvelle réforme PAC qui a revu le statut d’agriculteur actif.

C’est bien méconnaître notre monde agricole, car nombre d’agriculteurs et éleveurs aimeraient céder leurs exploitations, mais ne trouvent aucun repreneur. Que doivent-ils faire dans ce cas ?

Alors effectivement, dans les régions agricoles à potentiel élevé, nous comprenons bien que les exploitants se bataillent pour du foncier. Mais en France, beaucoup de zones intermédiaires ou à faible potentiel deviennent de la déprise. Nous le voyons bien, le long de nos rivières dans le Cher ou dans l’Indre, beaucoup de surfaces sont en friches. Alors du foncier pour de l’élevage ou des cultures, vous en trouverez sans problème.

Mais en France on adore compliquer les choses, alors nous créons des dérogations !

L’agriculture voit poindre un déficit commercial pour tous ses produits agricoles. Pourtant, la France devrait se réjouir d’avoir des exploitants qui ne réclament pas leurs droits à la retraite et qui continuent de travailler et de produire après 67 ans.

Comment peut-on croire, qu’en faisant partir nos agriculteurs en retraite plus tôt, cela fera de la place pour les jeunes ? La plupart des exploitations cédées vont dans nos départements à l’agrandissement. Ce ne sont pas les Safer ou les CDOA qui ont fait augmenter le nombre d’installés. Pourtant, elles existent depuis 60 ans !

On voit diminuer le nombre d’exploitations agricoles d’années en années. D’après Agreste, il y avait 25 000 exploitations en 2010 en région Centre-Val de Loire, contre 20 000 en 2020.  Nous avons donc perdu 20 % d’exploitations. Bravo pour ce système agricole !

Dans notre région Centre-Val de Loire 259 DJA, (Dotation Jeunes Agriculteurs) chiffre record contre 243 à titre national. Ce sera largement insuffisant pour combler les départs en retraite.

Quand on sait que 50 % des exploitants agricoles ont plus de 50 ans et que 50 % des éleveurs ont plus de 54 ans, il ne va pas y avoir un manque de foncier, mais bien un manque de jeunes installés !

Ce n’est pas la quantité de fonciers disponible qui est importante, mais bien la volonté des jeunes de vouloir s’installer. Les jeunes ne veulent plus travailler 70 heures par semaine, travailler le week-end, et être critiqués par la société. Ils veulent que les Français reconnaissent la qualité de leur travail et de leurs produits. Et comme tout travail mérite salaire, les agriculteurs doivent dégager un revenu décent pour vivre.

La voilà, la recette miracle pour que des jeunes motivés viennent s’installer : des revenus décents et de la reconnaissance. Je suis, alors, persuadée que nous verrons plus de vocations pour notre métier d’agriculteur.

Empêcher les agriculteurs de travailler après 67 ans, même l’Allemagne, comme la majorité des pays européens voisins, n’appliquera pas cette absurdité.

Mais en France, la FNSEA et les JA croient toujours pouvoir tout régler en imposant des normes ou des contraintes supplémentaires. Seule, la Coordination Rurale s’y est opposée.

Geneviève de Brach,

Présidente de la Coordination Rurale du Centre

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